ÉCHOS
24 Avr 2010

Odile Duboc, la fin d’une poétesse du mouvement

PCéline Piettre
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Encore un jeudi noir pour la danse. La chorégraphe et pédagogue française Odile Duboc s’est éteinte des suites d’un cancer dans la nuit du 22 au 23 avril 2010, alors même que se jouait à la Faïencerie de Creil la reprise de ses Trois Boléros de 1996, une pièce désormais culte. Sans le savoir, les 21 interprètes, parmi lesquels ses anciens élèves Myriam Gourfink, Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh, aujourd’hui chorégraphes, rendaient un dernier hommage à celle qui leur avait appris à « porter la danse » avec la précaution et l’intérêt de l’artisan.

Danseuse classique puis enseignante pendant les années 1970, son Projet de la matière, écrit en 1993, lui ouvre les portes de la scène chorégraphique contemporaine et creuse un nouveau sillon dans l’histoire de la danse. Désormais, avec Odile Duboc, le danseur est au centre de la création, protagoniste à part entière de sa genèse. Le corps est tour à tour mémoire, forme et informe ; la danse, mélange savamment dosé entre improvisations et écriture, exploration des sens et de l’espace.

A la tête du Centre chorégraphique national de Belfort de 1990 à 2008, et de la compagnie Contre jour, dont elle partage la direction avec Françoise Michel depuis 1983, elle s’affirme comme l’une des figures majeures de la « nouvelle danse française », élargissant son répertoire à l’Opéra, comme en 2003 avec sa réinterprétation de Venus et Adonis.

Mais surtout, Odile Duboc ne s’éloigne jamais vraiment de sa vocation initiale : l’enseignement de la danse. Pédagogue chevronnée, elle ne cesse de vouloir rendre les corps disponibles et développer la conscience du groupe chez les jeunes danseurs. Certains d’entre nous, qui ont eu la chance d’assister à sa « Grande leçon de danse » au Centre national de la danse à Pantin, en 2009, se souviennent de cet engagement indéfectible. De cet art de transmettre une danse nourrie d’imaginaire, qui « joue de trajectoires, de suspens, de contacts, d’élans, de vertiges ».

A lire:
Julie Perrin, Projet de la matière – Odile Duboc – Mémoire(s) d’une œuvre chorégraphique (+ DVD), 2007. Editions Les Presses du réel et le CND, Pantin. 

Liens vers vidéos:
– Odile Duboc, entretien + extrait de Trois Boléros.
www.dailymotion.com/video/x353e3_odile-duboc_creation
– Odile Duboc, Trois Boléros, reprise en 2007. CNDC Angers. 
www.lequai.tv/fr/bdd/video_id/59
– Odile Duboc, Les Mains secrètes, étude, extrait d’un DVD en cours d’élaboration, CRDP Besançon.
www.youtube.com/watch

[Portrait de Odile Duboc, par Françoise Rougier]

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