Membre de la Batsheva Dance Company, dont elle a par ailleurs assuré la direction artistique et chorégraphique, Sharon Eyal fonde avec Gai Behar sa propre compagnie, L-E-V, signifiant «cœur» en hébreu.
Créée en 2015, leur pièce OCD Love avait fait sa première en France en 2017, sur la scène de Chaillot – Théâtre National de la Danse. Deux ans plus tard, en 2019, Sharon Eyal et Gai Behar y reprennent OCD Love, en parallèle de Love Chapter 2 (2018). Et ce, au sein d’un programme en deux temps, intitulé Love Cycle.
OCD Love
Pièce créée en 2015, OCD Love trouve son origine dans un texte écrit par Neil Hilborn, jeune homme souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, dont l’abréviation est en anglais OCD. Certes, Neil Hilborn fait part dans OCD Love de ses difficultés quotidiennes, mais insiste sur les conséquences directes de ses troubles sur sa vie amoureuse : «La première fois que j’ai posé mes yeux sur elle, tout est devenu silencieux dans ma tête. Tous les tics, toutes les images intempestives ont disparu.» Et Neil Hilborn de se demander sans cesse si l’on peut être véritablement aimé en étant sujet à pareils troubles du comportement.
Sharon Eyal confie quelle fut sa réaction à la lecture de ce texte : «Je ne pouvais m’arrêter de le lire. Je le voyais déjà comme une chorégraphie, ou un moule dans lequel on pourrait verser son inspiration et une part de soi.» C’est donc une telle confession que traduit sur scène OCD Love, dont la musique originale d’Ori Lichtik se révèle être un puissant auxiliaire. Musique qui accompagne la désarticulation des corps exprimant le désordre intérieur d’un individu en lutte constante avec lui-même.
OCD Love : de la division à l’harmonie ?
Comment exprimer cette division intérieure qui, non seulement sépare de soi-même, mais des autres ? De manière significative, OCD Love commence avec un solo aux mouvements lents donnant à voir un corps désarticulé, un buste séparé de ses membres, parvenant toutefois à maîtriser ces gestes et les rendre plus précis. Un danseur apparaît alors sur scène, aux mouvements désordonnés, signalant leur impossible rencontre. Tous deux se croisent et s’ignorent. Ainsi s’exprime immédiatement l’impossible harmonie d’un moi à la recherche d’une unité tant désirée.
Tout au long de la pièce, la chorégraphie conjugue la technique de danse Gaga et la gestuelle personnelle de Sharon Eyal, pour jouer de la désarticulation des corps et de la tentative de les maîtriser. OCD Love n’est autre que l’expression d’une quiétude intérieure recherchée et la volonté de donner forme au sentiment d’incomplétude.
Itinéraire du spectacle (non exhaustif) :
– Chaillot – Théâtre National de la Danse (Paris), du 6 au 13 juin 2019. Reprise en parallèle de Love Cycle : Love Chapter 2.
– Chaillot – Théâtre National de la Danse (Paris), du 26 au 29 avril 2017. Première en France.