Communiqué de presse
Lilian Bourgeat. Objets extraordinaires 1998-2008
Depuis plus de dix ans, Lilian Bourgeat réalise des installations composées d’éléments surdimensionnés issus de notre quotidien. Leur étonnant changement d’échelle les prive de leur fonctionnalité originelle et les fait basculer dans un autre univers, celui de l’extra ordinaire. Ces objets manufacturés, usuels et quelconques, en perdant l’insignifiance inhérente à leur statut acquièrent dès lors une autonomie. Le spectateur se retrouve face à des fragments de son univers familier dépossédés de leur caractère rassérénant.
Lilian Bourgeat, de manière indirecte ou à l’inverse très directe, en sollicitant l’intervention du public, confronte ce dernier à des expériences singulières, déstabilisantes. La pièce en cours de création, produite par le CCC de Tours, Le dîner de Gulliver, illustre parfaitement cette notion d’interaction ; le mobilier et la vaisselle conçus à l’échelle 2,5 serviront à de vrais repas, le visiteur se glissant alors dans la peau de Gargantua. L’artiste a d’ailleurs déjà expérimenté ce principe avec des gobelets géants (46 cm de haut sur 38 cm de diamètre), réellement utilisés, non sans difficulté et incident, lors de l’inauguration en 2003 de l’exposition Vernissage à l’Atheneum de Dijon.
Au gigantisme des oeuvres s’ajoute une dimension surréaliste ; la pièce Invendu-Bottes (2007) propose ainsi de manière énigmatique deux pieds gauches. À l’image d’Alice, le spectateur est projeté dans un monde merveilleux, absurde et ambigu, oscillant entre inquiétude et ingénuité.
Vingt et un de ces Objets extraordinaires couvrant une période de création de dix ans (1998 à 2008) seront présentés au musée des beaux-arts de Dole. Trois d’entre eux sont inédits dont Le dîner de Gulliver, ainsi que le Trace lettres et Podium produits par le musée des beaux-arts deDole.
L’oeuvre de Lilian Bourgeat ne manque évidemment pas d’humour, même s’il peut revêtir parfois un caractère grinçant. L’artiste n’hésite pas, comme avec l’oeuvre Piggy bank (1998), un cochontirelire géant, à dénoncer sans détour les excès du marché de l’art, notamment la spéculation réalisée autour de certaines oeuvres.
Cette causticité est renforcée par la collaboration entre le plasticien et Philippe Vuillemin. Le caricaturiste propose un dessin mettant en scène chaque oeuvre de l’artiste dans une situation drolatique qui chahute de nouveau le monde de l’art contemporain et ses acteurs.
Caroline Passaret