L’élément le plus remarquable dans le travail de Donato Amstutz est la broderie, utilisée comme moyen de re-traduire avec finesse des objets et des images directement inspirés de la vie quotidienne. Travail de couture, donc.
Packagings, emballages (médicaments, objets de tous les jours), images issues de sources variées (magazines et presse quotidienne de tous types) sont transformés avec brio et virtuosité en reproductions agrandies: l’objet jetable devient ici un trophée rare et unique.
Cette technique est loin d’être innocente. En effet, ce travail de broderies cherche à mettre en évidence le contraste entre la lente et méticuleuse exécution de l’artiste et l’involontaire rapidité dans laquelle nous sommes invités à reconnaître l’ensemble des sujets -une pièce comme le matelas présenté lors ce cette exposition a nécessité un an de travail. Une évidente disproportion entre un sujet ordinaire et un sens plus complexe, latent qui crée une certaine ironie. Le choix d’un médicament comme le Prozac (un antidépresseur populaire dont la fonction socialisante est bien connu) ou encore la combinaison érotique d’un kamasoutra démodé et de dessins élémentaires extraits de manuels de premiers secours avec une affinité formelle d’images, sont dans ce sens symptomatiques.
A l’image des premières oeuvres de Bertrand Lavier, Amstutz double le sujet pour le transmuer en oeuvre d’art. L’agrandissement et la mise en exergue, stratégies formelles ayant une longue histoire durant le XX ème siècle -des boîtes Brillo de Warhol aux jouets de Jeff Koons- prennent ici tout leurs sens. Dans ces objets-sculptures, il y a un esprit sarcastique et désenchanté, une sorte de légère agression dirigée contre les icônes et la culture conventionnelle qui se construit de fil en aiguille.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Natalia Grigorieva sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Donato Amstutz, Objets Brodés – Ronan Barrot, Paris