Hugo Capron, Melissa Tran
Objet cherche peinture
L’Ecole nationale supérieure d’art de Dijon est à l’origine du programme de résidences et d’expositions Dijon-Dallas en partenariat avec la Southern Methodist University/Division of Art de Dallas. Suite à un appel à projet auprès des étudiants finissant leur cursus dans chacun des établissements, les dossiers de Hugo Capron (Dijon) et Melissa Tran (Dallas), ont retenu l’attention d’Astrid Handa-Gagnard, directrice du Frac de Bourgogne et commissaire choisie pour cette première collaboration. Après un temps de résidence à Dallas et une exposition des œuvres en août dernier à la Pollock Gallery, «Midnight White», Hugo Capron et Melissa Tran sont tous deux revenus à Dijon pour une résidence d’un mois suivie de l’exposition «Objet cherche peinture» au Consortium.
Hugo Capron dit avoir été marqué par l’emprise que détient la peinture aux États-Unis: «Dans les musées que j’ai visités, la majorité des œuvres sont des peintures. La chapelle Rothko à Houston a été une expérience puissante pour moi. Le regard sur la peinture est différent aux États-Unis.» Pendant cette résidence, il a fait l’expérience du Texas, se confronter à des réalités parfois dérangeantes (ségrégation, autorisation du port d’armes…), à l’exploration d’un territoire étendu, Marfa, Denver…, et Dallas, qu’il a notamment découvert lors de longues marches nocturnes dues à la chaleur. Il a ainsi élaboré un nuancier propre aux balades de nuit, entre peinture matte et brillante, chrome et vernis… Il les retranscrira sur la toile par l’utilisation du vernis, une première pour lui, sur les quatre toiles qu’il expose pour «Midnight White»: deux grands formats (4 x 2.80 m) et deux petits formats. Sa réflexion s’orientera aussi sur les transitions entre les toiles, une recherche qu’il tient à poursuivre. A Dallas, Hugo a utilisé la galerie Pollock comme un atelier, y compris pour monter les châssis, tendre les toiles, etc. La peinture est intervenue en dernier lieu, après tous les autres réglages (lumière, etc.). Ainsi, «ces toiles sont pensées pour les murs, hors des murs pour lesquels elles ont été imaginées, elles n’ont plus de raison d’exister».
Le Consortium, dans la salle terminant l’étage où seraient exposées, rend hommage à Rémy Zaugg, avec une sélection d’œuvres de l’artiste décédé. Le titre de cette exposition réunissant Hugo Capron et Melissa Tran est emprunté à une peinture de Rémy Zaugg, sur la tranche du châssis de laquelle est apposée cette mention: «objet cherche – peinture». Hugo Capron et Melissa Tran ne connaissaient pas alors la théorie générale de la perception portée par Rémy Zaugg, alors qu’ils interrogent respectivement dans leur propre travail cette question de la perception. Leur a donc été soumis l’idée d’interroger dans l’exposition cette notion et la place du regardeur, ainsi que d’intituler la proposition, «Objet cherche peinture»; Hugo Capron questionnant l’objet de la peinture et la place de la peinture comme objet et Melissa Tran faisant vivre ses objets organiques dans un rapport cherchant l’espace de l’image, si ce n’est l’espace pictural, et celui de l’exposition.