ART | EXPO

O Sentimental Machine

15 Mar - 15 Avr 2017
Vernissage le 15 Mar 2017

L’exposition « O Sentimental Machine » à la galerie parisienne Marian Goodman rassemble de nouvelles œuvres de William Kentridge. Une installation vidéo, des encres et collages sur papier et des gravures illustrent la forte dimension contemporaine d’une œuvre nourrie de références historiques.

L’exposition « O Sentimental Machine » à la galerie Marian Goodman, à Paris, présente de récentes œuvres de William Kentridge : une installation vidéo, des dessins et collages sur papier et des gravures qui sont en partie liées par l’intérêt de William Kentridge pour Paris.

O Sentimental Machine : William Kentridge revisite la pensée de Léon Trotski

La grande installation vidéo O Sentimental Machine a été inspirée à William Kentridge par un film inédit que l’artiste a découvert en 2015 : un discours de Léon Trotski filmé en 1933 après que le révolutionnaire russe, exilé en Turquie, s’était vu refuser un visa pour se rendre à Paris, où il devait initialement prononcer ce discours. Cette captation du discours que Léon Trotski aurait donné à Paris s’il avait pu quitter la Turquie avait pour but d’être projeté à Paris et de l’y représenter. Mais les hasards de l’histoire l’ont empêché d’être diffusé juqu’à aujourd’hui.

De cet épisode, William Kentridge a tiré une installation composée de cinq vidéos qui forme une « mise en scène d’archives ». Des images de défilés bolchéviques y côtoient notamment des photographies de vacances du tsar en train de nager ou encore des vues du Bosphore. Bien que Léon Trotski soit l’élément déclencheur de l’œuvre, il y apparaît peu, mais sa pensée y est explorée et mise en perspective.

O Sentimental Machine : les êtres humains sont des machines sentimentales

Le titre de l’œuvre, O Sentimental Machine, fait allusion aux théories de Léon Trotski selon lequel les êtres humains sont des « machines sentimentales mais programmables » : des entités dont les caractéristiques sont les mêmes que celles des machines, qui doivent être guidées par un programme édicté par un état et qui peuvent être réparées. De la même façon, les machines seraient capables effectuer des actions complexes. Les hommes comme les machines pâtiraient selon Léon Trotski du sentiment amoureux qui fausserait leur fiabilité et leur fonctionnement.

C’est cette idée que William Kentridge met en scène à travers la figure d’Evgenia Shelepina, dans un sketch où, bouleversée par ses problèmes sentimentaux, celle-ci ne parvient plus à accomplir ses tâches quotidiennes. Une autre séquence montre William Kentridge parodiant Léon Trotski pour mettre en perspective la pensée de ce dernier avec le questionnement contemporain autour de l’intelligence artificielle.

Une interrogation contemporaine nourrie de références historiques

Un ensemble de dessins à l’encre et collage sur papier ont été inspiré par l’œuvre d’Edouard Manet. A travers des Å“uvres représentant à la fois le chef d’œuvre très politique du peintre français L’Exécution de Maximilien, des jacinthes et des portraits d’Edouard Manet et de sa femme, William Kentridge illustre le mystérieux choix artistique du peintre qui après s’être consacré à des thèmes politiques, n’a peint que des fleurs dans des vases dans les années précédant sa mort.

De grandes gravures à l’aquatinte sur toile et trois nouvelles gravures sur bois permettent de découvrir le travail préparatoire pour Triumphs and Laments, un monumental projet que William Kentridge a réalisé en 2016 à Rome. Un défilé s’étendant sur un demi kilomètre sur les rives du Tibre relie un Marcus Aurelius faussement glorieux à la figure d’une femme érythréenne pleurant sa famille naufragée à Lampedusa en 2013. L’œuvre illustre la profonde emprise contemporaine de l’œuvre nourrie de références historiques de William Kentridge.

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