Frédéric Delangle
Nyctalope
Qu’à cela ne tienne, Frédéric Delangle est parti sur les chemins de campagne découper des morceaux de paysage avec les phares de sa voiture. S’offre au regard une nature autre dont l’aspect familier s’évanouit. Arbre, liane, mare ou cabane se parent d’une épaisseur dramatique. Le banal, naturel, est transfiguré.
La série Nyctalope emprunte au cinéma le principe de l’éclairage directionnel. Le paysage nocturne devient un lieu de vertige, les phares isolant une zone réduite de visibilité. Torches à longue portée, ils découpent l’espace et structurent l’image entre un champ lumineux et un champ noir. De ce contraste naît le mystère ; et le nocturne, thème artistique consacré, est rejoué. L’espace diégétique de la photographie met en tension le visible et l’invisible, provoque l’attente et le suspense et excite notre imagination.
Ce n’est pas la première fois que Frédéric Delangle exploite la matière nuit. Déjà dans ses travaux antérieurs, l’obscurité était une composante essentielle. Prétexte à l’intime, dans sa série Coït, à la visualisation des fantômes, dans sa série Ahmedabad, le noir cerne parcimonieusement le réel et lui redonne sa part de magie distanciée.
critique
Nyctalope