Créée en 2002 sur une idée originale de Christophe Girard, alors adjoint au Maire chargé de la culture, la Nuit Blanche apparaît aujourd’hui comme un des événements culturels incontournables de Paris, jouissant d’une grande promotion pour y attirer son public.
Après dix ans, la Nuit Blanche semble donc s’être bel et bien implantée dans le paysage culturel parisien, et son aura, désormais, s’étend même au-delà de l’Île-de-France. En effet, l’idée de Christophe Girard s’est exportée depuis en province, ou encore aux quatre coins du globe. Mais au-delà de son expansion géographique et de sa longévité, peut-on dire que la Nuit Blanche a réussi dans ce qu’elle se proposait d’offrir à son public?
Si l’un des objectifs majeurs que s’est fixé la Nuit Blanche est de «renforcer le dialogue entre les artistes et les spectateurs», on peut toutefois rester circonspect quant à la réussite d’un défi aussi ambitieux. Car l’art ne reste-t-il pas pour la majorité un domaine difficile d’accès s’adressant à des collectionneurs, à des spécialistes, voire à une certaine classe sociale relativement aisée? En tout cas, la Nuit Blanche aura néanmoins le mérite de populariser et de rendre plus attractif l’art contemporain, en lui faisant investir l’espace public, les rues de la ville, ses monuments et bâtiments. Tout un chacun a donc la possibilité de sortir de chez lui, de déambuler dans la ville et d’ouvrir les yeux sur des créations et un domaine artistique vers lequel il ne se serait peut-être pas spontanément dirigé. L’enjeu est donc de métamorphoser la ville en plaçant l’art en son cœur, et de se réapproprier l’espace urbain afin de créer «une rencontre inédite avec un public divers».
Pour cette onzième édition, le directeur artistique Laurent Le Bon nous emmène au fil de l’eau, d’Ivry à la colline de Chaillot, le long de la Seine. Plutôt que de se dérouler dans différents quartiers de Paris et de proposer un parcours alors relativement chaotique — ou du moins éclaté —, cette édition a élaboré un «parcours continu», puisque les deux rives de la Seine seront rendues piétonnes. Laurent Le Bon parle ainsi d’une «liberté de déambulation» pour le public. Car les Nuits Blanches ne s’apparentent-elles pas à un moment de «récréation» pour le public, qui glane çà et là des impressions et a la possibilité de sillonner la ville au gré de ses humeurs?
Cette édition paraît aussi remarquable en ce qu’elle ouvrira les portes de lieux qui nous restent d’ordinaire inaccessibles. Pour la première fois, les Belvédères, postes d’observation sur la ville, nous serons ouverts et nous révéleront des «points de vue inédits» sur Paris et la Seine, autre objectif clé des Nuits Blanches.
Et, comme à son habitude, la Nuit Blanche jouera la carte de l’éclectisme, avec une grande diversité artistique: œuvres contemporaines, vidéos, danse et concerts seront notamment au programme. Parmi les multiples propositions, un hommage chorégraphique, en plein cœur du parcours, sera rendu aux agents de la municipalité qui concourent chaque année à l’organisation de l’événement.
Enfin, cette édition innove avec «la Nuit des savoirs», offrant ainsi une série de conférences et de performances sur Woody Allen, la notion de Blanc, le néon ou encore l’année 1979.