Agnès Thurnauer
Now when then, de Tintoret à Tuymans
Le musée des beaux-arts actuellement en travaux propose une exposition d’Agnès Thurnauer «Now when then, de Tintoret à Tuymans» à la chapelle de l’oratoire.
L’artiste a été invitée à établir un dialogue entre ses Å“uvres et une sélection de tableaux des collections. Cette installation au cÅ“ur du musée permet de saisir «un des plus grands principes qui structurent son Å“uvre: son approche assidue de tous les genres historiques, leurs motifs, leurs formes» (Roderick Mengham).
En regard des peintures de l’artiste se déploie une galerie de portraits, issus de la collection de peintures du musée des beaux-arts de Nantes. En début de parcours est présenté le portrait d’un jeune enfant, à la fin celui d’un vieil homme: l’accrochage suit l’ordre biologique du déroulement d’un cycle de vie et non l’ordre chronologique classique d’une présentation historique. L’âge du sujet représenté, prime sur la date de la figure peinte. Il s’agit ici de croiser des hommes et des femmes saisis à un moment de leur existence. C’est aussi une rencontre avec la peinture et des artistes, dont nous devenons en regardant leurs œuvres, les contemporains. Ce déroulement, cette fresque juxtapose Greuze, Coppi, de Lempicka, Tintoret, Burne-Jones, Ingres, Richter, Tuymans, Hesse, Redon, Picasso et Claude Cahun.
Les œuvres d’Agnès Thurnauer invitent à une nouvelle lecture de l’histoire de l’art. Présentés en séries, ses travaux révèlent ici différentes étapes en même temps que des thématiques récurrentes. Peinture initiale, Big Big/ Bang bang, Biotope, Peinture/modèle, Prédelle, tous ces ensembles constituent pourtant les chapitres d’une même histoire.
Agnès Thurnauer est peintre et parle de l’expérience de la peinture et de ses messages. Dans sa pratique picturale elle organise la confrontation des images et du langage pour en inventer un autre. Elle se réfère, cite, détourne, transpose des œuvres historiques (l’Olympia de Manet), des motifs (les ailes), des signes ou des mots. L’histoire de l’art occidental s’est longtemps écrite au masculin, en bousculant ses codes Agnès Thurnauer interroge la représentation des femmes dans le monde de l’art: de la femme peinte, sujet du tableau, à la femme artiste, sujet créant.
Pour l’exposition, Agnès Thurnauer a réalisé une sculpture–installation intitulée Matrice. Elle est constituée de moules de lettres en résine blanche, offrant le langage comme un espace de circulation ouvert, à l’opposé de définitions closes. Le regard peut ainsi déambuler dans l’œuvre, comme il le fait dans les tableaux de l’artiste, y faisant à chaque fois son propre cheminement. Ces matrices, comme l’ensemble de l’œuvre d’Agnès Thurnauer, posent la question de la lecture et mettent l’accent sur la nature mouvante et toujours renouvelée du regard et de ses interprétations.