L’exposition « Now » à la galerie Marian Goodman, à Paris, propose un retour sur la carrière de Chantal Akerman à travers deux installations vidéo dont l’une met en abîme une œuvre de jeunesse et l’autre est une œuvre de maturité.
D’In the Mirror à Now, retour sur les thèmes récurrents de Chantal Akerman
L’exposition « Now » présente deux installations vidéo de Chantal Akerman qui relient le plus ancien au plus récent : celle intitulée In the Mirror, créée en 2007, qui revient sur un film réalisé par la cinéaste en 1971, et Now, créée en 2015, quelques mois avant son décès. Par ce dispositif, l’exposition adopte une approche originale de l’œuvre et de l’univers de Chantal Akerman, mettant en évidence des thématiques, des réflexions et des engagements présents dès ses débuts.
L’exposition s’ouvre sur l’œuvre In the Mirror, projection en noir et blanc conçue en 2007 par Chantal Akerman à partir d’une scène tirée de son deuxième film, le court-métrage L’enfant aimé ou je joue à être une femme mariée, qu’elle avait réalisé en 1971. De cette œuvre qui faisait évoluer trois personnages féminins une jeune mère, sa fille et une confidente que Chantal Akerman interprétait elle-même, celle-ci a choisi une scène où l’on voit la mère presque nue devant un miroir, scrutant son propre corps et le commentant à voix haute.
Now, une installation vidéo immersive autour de l’exil et de la mort
L’installation vidéo In the Mirror révèle combien de nombreux thèmes qui traverseront l’ensemble de l’œuvre de Chantal Akerman étaient déjà présents dès ses débuts : l’enfermement domestique, le dépassement de l’intime par l’universel mais aussi des notions étroitement liées à la pratique cinématographique comme l’ouverture du champ par le traveling, la captation frontale des corps et leur parallélisme avec les espaces, la précision du cadre, temporalité ou encore la suggestion et l’ellipse.
Au retour sur l’œuvre de jeunesse répond l’installation Now que Chantal Akerman a présentée en 2015 à la biennale de Venise et que l’on découvre pour la première fois en France. Cette installation vidéo immersive est composée de cinq écrans, sur lesquels défilent rapidement des paysages désertiques filmés en travelling, et d’une bande sonore. Cette dernière est ici fondamentale : le montage sonore permet une immersion dans une situation évoquant le chaos de la guerre, la catastrophe imminente, la fuite, la mort et la disparition. Le visiteur est confronté de façon brutale à l’expérience de l’exil par le montage sonore polyphonique et le rythme vif des images qui se succèdent sur cinq écrans suspendus et deux projections au sol qui donne un aspect mouvant au paysage. Entre art plastique et cinéma, documentaire et fiction, Chantal Akerman nous plonge dans une crise au présent.