Boris Achour, John Bock, Pierre Huyghe, Ursula Mayer, Melvin Moti, Isabel Nolan, Ylva Olgland, Émilie Pitoiset
Nouvelles Vagues. The Black Moon
Curatrice: Sinziana Ravini
Un homme et une femme se retrouvent par hasard dans une exposition, alors qu’ils ne se sont pas vus depuis longtemps. Ils commencent à se parler à travers les œuvres, tout en se remémorant leurs rencontres à Moscou, Paris, Venise.
Il ne s’agit pas uniquement de la rencontre d’un homme et d’une femme, mais aussi de deux principes philosophiques. D’un côté, un matérialisme aléatoire qui ne cherche que des rencontres fugitives; de l’autre, un idéalisme romantique qui nie l’objet du désir, en faveur d’un amour idéal qui ne passera jamais par une vraie connaissance de l’autre. L’un ne cherche que la beauté du moment, l’autre la beauté d’un rêve réalisable dans le futur. Qui va convaincre qui? S’aiment-ils vraiment? Ou s’agit-il d’une relation éphémère? Et quel est le rôle de l’œuvre d’art dans cette affaire?
«The Black Moon» est une exposition sur l’amour, l’art et la vie qui se prolonge par un film et un livre. Sinziana Ravini joue à la fois le rôle du curateur, du metteur en scène et de l’écrivain, brouillant les frontières entre art, cinéma et littérature. L’exposition devient à la fois un lieu de projection et de transfert, à l’intérieur duquel ce n’est plus le regardeur qui fait l’œuvre, mais le champ intersubjectif des regards croisés. Les visiteurs y croisent les rêves surréalistes de Melvin Moti, les voyages psychonautiques de Pierre Huyghe, les jeux temporels d’Ursula Mayer, l’imaginaire retro futuriste de John Bock, les fétiches scénarisés d’Émilie Pitoiset, le matérialisme métaphysique d’Isabel Nolan, les jeux de société de Boris Achour et les séances éroticoalchimiques d’Ylva Olgland.
Quel est le rôle de l’amour dans une société où toutes les valeurs sont fluides et relatives? Pour Lacan, «L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas». Pour Zygmunt Bauman, l’amour prend souvent la forme d’un investissement financier où l’être aimé n’est qu’une action susceptible de monter ou descendre. Comment aborder ces théories cyniques sans tomber dans la naïveté hollywoodienne? L’amour peut-il devenir une forme de résistance à la société de consommation, ou est-il devenu son principal produit d’appel?
Sinziana Ravini (née en 1976) est curator, critique d’art et maître de conférences à Paris 1 – Panthéon- Sorbonne. Elle est rédactrice en chef du magazine suédois Paletten et directrice de The future lasts for ever.
«The Black Moon» met ainsi en scène la rencontre d’un homme et d’une femme dans une exposition. La juxtaposition d’œuvres d’artistes différents permet de produire des significations qui suggèrent un récit. S’ensuit l’histoire de cette relation qui, au détour des œuvres, joue avec l’amour, l’art et la vie. Quand l’un ne cherche que des rencontres fugitives, l’autre aspire à un amour idéal. Entre rencontre fugitive et amour idéal: qui triomphera?
Vernissage
Jeudi 20 juin 2013