L’exposition « Des nouvelles de nos contrées obscures » à Maison Abandonnée [Villa Cameline], à Nice, propose un dialogue autour de la notion d’utopie entre les photographies du duo Anne Favret et Patrick Manez et les œuvres multiformes de Jordan Pallagès.
Les photographies d’Anne Favret et Patrick Manez, entre réel et utopie
L’exposition réunit les œuvres d’Anne Favret et Patrick Manez qui depuis la fin des années 1980 mènent en tandem leur recherche photographique autour du paysage sous le label Favret/Manez, et celles d’un de leurs anciens élèves, Jordan Pallagès. La démarche de ce dernier mêle la photographie au dessin, à l’écriture, à l’édition et à la sculpture pour explorer la création et son rapport au réel.
La série de photographies Hyperboréal a été réalisée par Anne Favret et Patrick Manez lors d’une résidence en Islande en 2015. Ils y ont trouvé l’occasion de poursuivre leur recherche minutieuse et documentée sur le paysage contemporain, qui s ‘appuie sur une étude des caractéristiques topographiques mais aussi historiques, économiques ou sociales des lieux. Les photographies de moyen format et prises à la chambre comptent des vues de paysages naturels et urbains et des portraits. Réalisées sur un territoire de soixante-quinze kilomètres de long, à la limite des zones habitables, elles questionnent la notion de frange. L’opposition entre le dépaysement provoqué par les espaces sauvages et la banalité d’une réalité humaine très occidentale suscite une sensation d’étrangeté, tel un télescopage entre l’utopie et le réel le plus ordinaire.
Jordan Pallagès explore les relations entre la création et le réel
L’œuvre de Jordan Pallagès prend la forme d’un récit fictionnel à tiroirs qu’il écrit depuis 2010 et dont J. Nielsson est le personnage principal. Libre penseur passionné d’architecture, celui-ci est explorateur et chercheur, et a fondé une compagnie de théâtre expérimental. Autour de lui évolue une multitude d’autres personnages imaginaires liés à sa troupe, la Nielsson C., installée dans des terrains à l’abandon qui leur offrent un espace propice à l’ennui et à l’introspection.
Cette fiction forme la base du travail de Jordan Pallagès qui en tire des créations réelles bien qu’issues de la fiction : des photographies, dessins et sculptures. Des Å“uvres réelles dans le monde de l’art, qui n’est lui-même pas le monde réel… Ces Å“uvres plastiques s’accompagnent du texte intitulé Les Colonies imaginaires, un périodique qui paraît à chaque nouvelle exposition et fictivement rédigé par J.Nielsson. Ainsi Jordan Pallagès développe-t-il une fiction écrite et plastique qui met en abîme le monde de l’art et explore de façon étourdissante les relations qu’entretient la création avec le réel.