Joël Hubaut
Nouvelle vague
Artiste protéiforme et se considérant comme grossiste en art, Joël Hubaut investit le lieu de part et d’autre du bâtiment en commençant par un projet monumental pour la façade de verre ondulée.
Construit par Claude Vasconi, l’espace culturel l’Onde, à Vélizy-Villacoublay s’impose par un vocabulaire de formes paradoxales. Des lignes courbes et anguleuses dessinées dans le verre et le béton définissent un ensemble d’espaces vastes et imposants. Plus particulièrement, il y a cette baie vitrée, façade de verre de plus de 10 mètres de haut, s’étendant sur toute la largeur du bâtiment. Saisissante par son ampleur frontale et presque provocante, elle exige des plasticiens une confrontation semblable à celle des peintres de vitraux du Moyen Age face à l’espace architectural d’une cathédrale.
Dans son dispositif This isn’t just in your mind au Micro-onde, Emmanuel Laguarrigue avait décidé d’ignorer la façade, en masquant ou filtrant l’entrée de lumière pour définir un espace dissocié et parallèle.
Mohamed El Baz avait choisi d’utiliser la lumière comme mode d’écriture, en reproduisant sur la façade son portrait souriant, en signe de bienvenue.
Joël Hubaut quant à lui décide de contaminer la surface du bâtiment à l’échelle d’une intervention architecturale. En utilisant ses signes épidémik comme un système d’envahissement organique et graphique, Joël Hubaut inscrit sur chaque fenêtre de l’Onde, à la façon d’un grapheur de bâtiments, la reproduction d’un signe épidémik pour établir une communication codée avec le visiteur. Déterminer à faire proliférer cette contamination « épidermique » dans un débordement absolu le jour du vernissage, il invite Léa Le Bricomte, artiste plasticienne et performeuse à se faire tatouer une série de signes sous la peau, tandis que les visiteurs pourront librement prendre part à cette épidémik-contagion en dégustant un ensemble de gâteaux de la même série…
Nouvelle vague expose une sélection de pièces emblématiques du travail de Joël Hubaut : depuis les années 70, où l’artiste a commencé sa contamination du monde par les signes, jusqu’aux dernières réalisations rassemblant des maquettes de jouets, des photographies de ses CLOM « Contre L’Ordre Moral » (ensemble de tableaux vivants monochromes), des vidéos en projection, ainsi qu’une pièce sonore….
Au coeur de l’exposition, sur l’un des murs de la galerie, le tableau décodeur du message tramé sur le tatouage de la façade est reproduit au mur et permet au visiteur d’accéder au langage crypté de l’artiste. Les mêmes signes, mis à disposition sur le sol sous forme de piles, invitent le visiteur à s’essayer à la réalisation de nouvelles modulations parasitaires et secrètes…