Sophie Boullet
Nouveaux paysages
Sophie Boullet pose un regard à la fois intimiste et passionné sur son thème de prédilection, la nature et les paysages. Toujours aussi puissante et colorée, sa peinture s’est enrichie de matière. L’artiste a exploré le fragile équilibre des paysages et s’est attardée sur des sujets légers et apaisants comme les fleurs, la mer calme et les clairières doucement incendiées par une lumière rose vif de crépuscule.
L’influence du Pays basque est manifeste dans ces nouveaux tableaux, plus figuratifs qui révèlent une structure bien ancrée dans la nature et trouvent leur inspiration entre jardins, mer, montagne et ciel. Son travail est innervé par une énergie vitaliste qui se traduit par l’utilisation de couleurs expressives, chaleureuses et par le travail élaboré des formes qui révèlent un bouillonnement intérieur. Légèreté, vibrance, luminosité sont les caractéristiques essentielles de l’art de Sophie Boullet.
Sophie Boullet est née dans la région parisienne en 1965. Elle vit et travaille à Paris et dans le Pays Basque. Après des études à l’Ecole du Louvre, elle se forme à la peinture et au dessin de portrait dans les ateliers de Valérie Tertrais (1995-1998) et Jean Arcelin (2000-2004), puis elle travaille sous les conseils du peintre François Legrand (Ecole d’Etampes) dans son atelier madrilène (2005).
Elle peint depuis une vingtaine d’années des œuvres dynamiques et généreuses qui privilégient l’essentiel: la couleur et la composition. Entre abstraction et figuration, son approche est dominée par la simplicité, la spontanéité, la recherche de l’équilibre et l’expression d’une joie de vivre.
D’abord attirée par les grands portraitistes (Frans Hals, Velasquez, Titien, Manet ou Van Dongen dont elle admire la puissance du trait et des couleurs), l’artiste avoue également une fascination pour le traitement des formes des Nabis (Maurice Denis, Paul Serusier et Edouard Vuillard). Elle aime à citer le mot d’ordre lancé en 1890 par Maurice Denis, alors âgé de vingt ans: «Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées».
Dans la lignée de Nicolas de Staël, elle affiche une volonté de peindre des tableaux expressifs à partir de sujets simples qui n’opposent pas la figuration à l’abstraction mais où l’une et l’autre, utilisées en variations concomitantes, révèlent la force du sujet. On trouve dans son œuvre une énergie et un traitement qui la rapprochent également des artistes contemporains Per Kirkeby (danois) et Peter Doig (anglais).
Pour réaliser ses tableaux de paysages, Sophie Boullet travaille à partir de ses propres photographies glanées au hasard de ses promenades dans la nature. Elles lui servent de rappel de sensations à partir desquelles elle retrouve une atmosphère ou un sentiment qui déclenche le geste, un coup de pinceau énergique, rapide, instinctif. Son premier jet compose le tableau en aplats de couleurs. Elle recherche l’équilibre des formes et le dynamisme de l’ensemble. Lorsque la peinture (toujours à l’huile) commence à sécher, le vrai plaisir commence. Elle travaille au couteau avec sensualité et douceur. Son rapport à la peinture est charnel. L’artiste avoue «une jouissance à gratter et à retravailler la matière». Cette sensualité du geste sur la toile, doublée d’un sens vibrant de la couleur confère à ses œuvres une énergie et une joie de vivre presque palpable.