François Bard
Nous, héros si singuliers
Tout, dans la peinture de François Bard, combine une observation aiguë de notre époque et une mythologie personnelle. A mi-chemin entre la grande tradition picturale et un univers fortement cinématographique, l’artiste campe un monde profond et intimiste. Tel un clair-obscur, sa technique déploie un chromatisme flamboyant et sourd à la fois.
Sa peinture fine et vieillie, évoque une fresque, toute contemporaine, une manière pour l’artiste d’interpréter sa vision de la Vanité. La profondeur de ses sujets laisse penser à une toile traitée comme un écran de cinéma, noir, intense, propice à la mise en abîme. Le vocabulaire de François Bard puise du côté des héroïnes de David Lynch, des gueules cassées de Martin Scorcese et, plus généralement, des grands road movies à l’américaine.
Grands formats et cadrages photographiques obligent le spectateur à la confrontation. Ses personnages et ses paysages, bien qu’étrangers, nous paraissent étonnamment familiers. Ses portraits, si vivants, comme ses natures mortes sont des chroniques à la fois poétiques et incisives des dérives et phantasmes de nos sociétés. Car c’est bien de nous et de notre façon de vivre dont parle François Bard dans ses tableaux. Le contraste brutal entre ses personnages baignés de lumière et le fond noir, dense et opaque, dont Bard les entoure, nous renvoie à notre propre isolement.
La peinture de François Bard met en effet en scène nos questionnements individuels. Ils ne sont guère éloignés de ceux du passé: guns, gisants, orchidées et robes de satin témoignent d’un regard contemporain sur la Vanité.
Comme l’explique Emmanuel Perret dans François Bard – l’homme est un songe, «la peinture de François Bard témoigne que les « Vanités” ne sont pas simplement des scories de l’iconographie du passé, associé au XVIIe siècle, mais une interrogation intemporelle. François Bard n’est pas prisonnier des stéréotypes, il renouvelle, transforme et décline ce thème avec force et sensibilité».