Simon Evans
Not Not Knocking On Heaven’s Door. Lauréat du Prix Canson® 2014
Le Palais de Tokyo présente la première exposition personnelle en France de Simon Evans, duo d’artistes lauréats du Prix Canson® 2014. Auteurs d’une œuvre sur papier où l’art et la vie se confondent, les artistes proposent de pénétrer dans un espace recréant le labyrinthe de leurs esprits.
Les artistes détournent des outils caractéristiques de rationalisation (listes, cartes, diagrammes) pour composer une œuvre d’une subjectivité radicale. Incarnant des formes de dialogues entre leurs intériorités et le monde, leurs œuvres constituent tant une recherche du sens à donner à l’expérience individuelle, qu’un exercice permanent de réappropriation du quotidien.
«Infiniment fascinant, la multitude fondatrice de diagrammes, de tableaux généalogiques, de listes d’inventaire, ainsi même que le maigre duc blanc de l’art moderne — la grille —, semblent à première vue venir consolider quelque chose dans l’œuvre de l’artiste. Si ces systèmes instaurent bien sûr une certaine distance entre l’esthétique et l’ostensiblement personnel, ils mettent à nu, voire aiguisent notre perception des éléments réfractaires, rebelles du contenu. Ces marqueurs de l’individualité frénétique manifestent d’autant plus clairement le fait que les socioconstructivistes et leurs disciples du département de l’hygiène ne peuvent définitivement pas inscrire l’œuvre à leur programme — elle est trop sale pour cela.» (Anders Kold, «Some Kind of Truth», in Simon Evans, monographie publiée par Kerber Verlag (Berlin), 2014)
Les œuvres des lauréats du Prix Canson® 2014 se déclinent en graphiques et diagrammes, schémas et plans, classifications et inventaires, s’inscrivant notamment dans la filiation des expérimentations de Georges Perec, de Guy Debord ou des Situationnistes.
A ces outils de rationalisation se superposent des récits autobiographiques, des spéculations métaphysiques ou autres observations inclassables; des considérations poétiques, analytiques ou absurdes qui sont autant d’écritures mouvantes et intuitives, en prise avec «l’extérieur». Mêlant dessins, mots et collages, le plus souvent à partir d’éléments scotchés, agençant sur le papier des débris, traces et autres rébus collectés au cours d’errances urbaines, ces œuvres esquissent avec poésie et humour les contours d’une géographie mentale écrite à quatre mains.
«Simon Evans ébauche sciemment des algorithmes qui échappent à toute forme d’application, à toute possibilité d’exploiter ses collections d’informations. Il a récemment commencé à travailler de manière abstraite, en utilisant une abondance de papiers trouvés, qu’il rassemble en images aux allures de vastes paysages (Big Ghost, The Skin of the Earth is a Blue Blouse…); cet aboutissement conceptuel à une carte quasi vide peut être envisagé à la lumière de la formule si bien trouvée de Guy Debord en 1959: «Tout jeu se déroule dans les contours de son domaine spatial.» Ou, comme Evans le dit lui-même: «Une parodie d’un délire de toute puissance est encore un délire de toute puissance. Je mettais une marguerite dans le canon de la carabine et maintenant je m’en vais. Je pars vers le champ où poussent les marguerites.» (Elodie Evers, «Toward Where the Daisies Are», in Simon Evans, monographie publiée par Kerber Verlag (Berlin), 2014)
L’exposition personnelle de Simon Evans au Palais de Tokyo rassemble une vingtaine d’œuvres, dont de nouvelles productions. Matérialisant les cheminements labyrinthiques empruntés par l’esprit des artistes, elles habitent — ou hantent — un espace domestique semblable à un appartement témoin, dans lequel le visiteur est invité à pénétrer
Vernissage
Jeudi 18 février 2016