Marie Torbensdatter Hermann est une céramiste pas comme les autres car la création de ses objets en porcelaine est loin de représenter une fin en soi. Contemplez sa seule vaisselle et vous serez loin d’avoir saisi son propos artistique. Les céramiques de l’artiste danoise sont en fait le point de départ d’installations artistiques interrogeant les frontières entre art et design et soulevant les questions suivantes: dans quelles circonstances l’objet devient-il œuvre? Quelles sont les caractéristiques qui distinguent l’objet ordinaire de l’objet d’art?
Marie T. Hermann crée des pièces de vaisselle en porcelaine: vases, bols, etc. Elle dispose ensuite ces objets usuels sur des étagères dans une mise en scène qui se veut subtile et agréable à l’œil. Par cette mise en scène artistique de l’ustensile ordinaire, la céramiste dénature en quelque sorte l’objet du quotidien, le détournant de sa fonction purement utilitaire. Accordant autant de soin à la création des objets qu’à la fabrication des étagères qui les supportent, Marie T. Hermann amène le spectateur à consacrer la même attention à chacune des unités qui forment son installation. Sur les céramiques comme sur les étagères, on ne trouve aucun décor. La sobriété des éléments, le choix de tons similaires tels les blancs et les beiges, encouragent plus encore à considérer un «tout» qui devient œuvre d’art.
Marie T. Hermann libère les objets du monde domestique auquel ils appartenaient au départ pour les conduire dans un univers incertain, entre la cuisine et le musée, entre l’ordinaire et le sublime. Son statut, tout comme celui de ses Å“uvres, s’en retrouve indéterminé: est-elle artisan ou artiste? Est-elle plasticienne ou céramiste? Elle est en tout cas issue d’une famille d’architectes et s’est formée à la céramique au Royaume-Uni, notamment auprès de l’artiste Edmund de Waal, avant de rejoindre les Etats-Unis où elle vit et travaille désormais.