Se réclamant de la foi catholique et chrétienne, ces intégristes sans vergogne semblent être peu ou prou les mêmes qui avaient déjà attaqué, avec une virulence similaire, la photographie Piss Christ de l’artiste américain Andres Serrano exposée à Avignon.
Ayant en fond de scène un immense et magnétique portrait de Jésus Christ, la pièce de théâtre de Roméo Castellucci est à comprendre, selon ses termes du metteur en scène, comme «une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la fin».
Les spectateurs côtoient du regard un père incontinent et son fils empêtrés dans ce qui fait office d’excréments humains. Des matières fécales qui se démultiplient malgré les nettoyages du fils miséricordieux. Au final, l’image christique est bombardée par ces désormais fameux excréments ainsi que par des lancés de grenades en plastique.
À en croire le groupuscule d’intolérants (on ne le nommera pas pour ne pas lui faire de publicité), cette pièce serait «obscène» et «blasphématoire». Elle serait intrinsèquement porteuse d’un crime de lèse-Christ, donc vouée à être interdite de diffusion.
L’interdiction qu’ils ont demandée, mais que la justice a refusée. Roméo Castellucci rappelle à ce propos que «l’image du Christ de la douleur n’appartient pas à l’illustration anesthésiée de la doctrine dogmatique de la foi».
Mais en dépit du rejet de leur action judiciaire les intégristes, s’en sont pris aux personnels du Théâtre de la Ville, aux artistes, mais aussi aux publics désireux de se faire leur propre opinion.
Que l’on soit ou non sensible aux spectacles parfois un peu dérangeants ou provocants (au sens artistique) de Roméo Castellucci, que l’on n’aime pas ses pièces, aucun fondamentalisme, de surcroît prétendument religieux, ne saurait justifier de tels comportements inquisitoriaux de triste mémoire.
L’intégrisme n’est malheureusement pas l’apanage des islamistes intégristes qui focalisent toutes les critiques.