Lieu
Galerie Schleicher+Lange
Communiqué de presse
Tinnitus de Laurent Montaron est un disque vinyle dont la fragilité a pour conséquence sa destruction au fur et à mesure des écoutes, le son s’altérant progressivement, presque comme un soulagement car cette autodestruction met fin à un son maladif qui se poursuit dans l’oreille après son écoute.
Dans Nine ways to say it’s over de l’artiste suédois Alexander Gutke, la notion d’éphémère, par opposition à l’éternel, n’existe que par rapport à sa fin programmée. Neuf photographies montrent le mot «fin» écrit dans différentes langues. A la fin de chaque film, ces fameuses lettre blanches sur fond noir arrivent souvent de manière plus ou moins soudaine à un moment-clé du film, celui où en quelques instants toute l’énigme est résolue, ou encore quand l’histoire bascule dans une nouvelle narration qui restera seulement imaginée, au delà de la «fin», laissant le spectateur suspendu dans le temps cinématographique qui s’arrête alors que notre propre projection continue. Cette idée de la fin d’une histoire renvoie bien entendu à l’idée de la mort, tout aussi prévisible.
La mort et la vanité de la vie sont présentes également dans l’œuvre de Sonja Engelhardt: une plaque de marbre noir dont la surface lisse est ponctuée d’altérations à l’image des tâches de naissance du corps de l’artiste. La plaque de marbre n’est pas sans rappeler les monuments funéraires qui, souvent à travers leurs matériaux durables, les inscriptions et autres signes relatifs au défunt, permettent de pérenniser d’une certaine manière une brève existence. Ainsi dans cette oeuvre, des marques personnelles sont gravées sur un matériau universel et quasi impérissable.
C’est aussi dans une volonté d’éterniser un événement éphémère que Pernille Kapper Williams rend hommage à l’artiste conceptuel disparu prématurément Bas Jan Ader en reprenant son inscription murale «Please dont leave me» que l’artiste danoise a reproduite ici au doigt sur un miroir embué. Mais une fois la buée partie, l’inscription devient invisible. Le spectateur doit souffler sur la surface de la glace pour maintenir en vie cette déclaration et voir disparaître sa propre image.
L’éphémère peut d’une certaine manière rejoindre le champ de l’éternel à travers la répétition au sein d’un mouvement cyclique, car si l’on considère que rien ne disparaît et que rien ne se crée ex-nihilo mais que tout n’est que transformation, on pourrait imaginer un événement non plus comme un point ponctuel dans la longue continuité du temps mais plutôt comme une phase d’un mouvement temporellement plus étendu.
Mel O’Callaghan présentera une installation d’un container rempli d’eau en constant changement d’état : le container gèle progressivement l’eau qui passe de l’état liquide à l’état solide puis vice-versa dans un éternel mouvement de recommencement, proche de certaines idées liées à la création et à la destruction de l’univers. Cette idée d’un temps cyclique est reprise par Melancholia de Laurent Montaron qui est un space-echo silencieux encastré dans le mur qui visualise de manière graphique et schématique cette temporalité.
Les Artistes
Sonja Engelhardt, Alexander Gutke, Laurent Montaron, Mel O’Callaghan, Pernille Kapper Williams.
Infos pratiques
> Lieu
Galerie Schleicher+Lange
12, rue de Picardie. 75003 Paris
M°Filles du Calvaire
> Horaire
jusqu’à 21h
> Contact
T. 01 42 77 02 77
info@schleicherlange.com
www.schleicherlange.com
> Entrée libre
L’exposition est présentée jusqu’au 28 avril du mardi au samedi de 14h à 19h.