Le designer contemporain Nir Meiri est passé maître dans l’art de créer des pièces à partir de matériaux inattendus. Côté luminaires, sa collection Desert Storm (2011) mettait ainsi en scène de fines corolles de sable, comme diffuseurs de lumière. Avec Marine Light (2013), ce sont des membranes translucides en algues vertes qui font office d’abat-jour. Forme plutôt classique, avec une structure métallique en parapluie, Marine Light résonne avec l’univers inspirationnel de Nir Meiri. Basé à Londres, le Nir Meiri Design Studio n’en puise pas moins dans la mer, l’océan et le désert pour composer des objets du quotidien. Designer israélien installé au Royaume-Uni, Nir Meiri laisse ainsi les côtes maritimes, plus ou moins désertiques, s’inviter dans ses créations. Sous forme de sable, d’algues vertes, de sel… Pour des pièces aux allures fragiles et éphémères, tout en étant de constitution solide. À l’instar des lampes Marine Light.
Marine Light de Nir Meiri : à la lisière de l’éco-design, des lampes en algues vertes
En laissant aux éléments prélevés dans l’environnement leurs teintes initiales, Nir Meiri compose des jeux de lueurs naturelles. Le sable, le sel, les algues… La lumière se diffuse de façon non uniforme dans des milieux rappelant des situations d’extérieur. Avec Marine Light, le vert des algues peut évoquer une toile froissée à la manière du peintre Simon Hantaï, ou une canopée forestière, un jour d’été. Cultivées et récoltées en masse dans le sillage de l’intérêt croissant pour les problèmes environnementaux, les algues vertes prolifèrent. Certaines sont comestibles, d’autres toxiques. Et l’augmentation de leurs présence et densité reflète également certains changements dans la composition chimique de l’environnement, ou dans les conditions climatiques. Pour fabriquer Marine Light, les algues, encore fraîches, sont appliquées comme du papier de soie sur la structure métallique. En séchant, elles rétrécissent et composent alors la forme de l’abat-jour.
Nir Meiri Design Studio : algues vertes, sable, sel marin… Quand la lumière remplace l’eau
Renforcées par un enduit de préservation, les algues gardent leur translucidité, leurs teintes et leur brillant. Avec une texture qui n’est pas sans évoquer les feuilles d’algue servant à la préparation des sushis. Sable, algues séchées, sel (lampes Seasalts, 2017)… L’eau est peut-être, par son absence, le point commun à ces trois luminaires créés par Nir Meiri. Comme une manière de souligner la précieuse fécondité d’un élément pourtant banal. Et si la mer est l’un des éléments récurrents du travail de Nir Meiri, pour autant c’est par l’assèchement que ses pièces peuvent advenir. Cultivant une sorte d’éco-design valorisant les matériaux naturels, le travail de Nir Meiri reflète également une préoccupation sourde. Celle de l’eau, ici remplacée par la lumière. Qui vient irriguer les matériaux naturels mis en forme. Et, simplicité de l’élémentaire, Marine Light transforme un peu l’espace éclairé en milieu sous-marin.