Designer basé à Londres, Nir Meiri garde d’Israël, où il a grandi, quelque chose du désert méditerranéen. Le sable, les algues, le sel… Les luminaires qu’il conçoit se composent parfois d’éléments atypiques. Les sables, riches en silice, peuvent servir à fabriquer certains types de verres. Et la cellulose des algues vertes peut servir à produire du papier ou du carton. Mais il est plus rare de les voir utilisés bruts, comme matériaux de conception d’objets de design. C’est l’une des particularités des objets du quotidien créés par le Nir Meiri Design Studio. À l’instar de la collection Desert Storm (2011) [Tempête du désert]. Des lampes qui conjuguent tiges en métal et corolles de sable. Entre végétaux et cristallisations, les délicates lampes Desert Storm évoquent quelques fleurs du désert, montées en tiges. À la façon de baies ou de grelots de muguet, minimalistes.
Desert Storm du Nir Meiri Design Studio : des lampes de sable et de métal
Jouant sur l’apparence de fragilité, les lampes Desert Storm déploient des abat-jours composés d’une très fine couche de sable clair. De quoi tamiser la lumière diffusée par la LED centrale. Couleurs chaudes et douces, Desert Storm arbore le calme d’une pièce naturelle aux formes structurées. Tout en gardant de ce désert brûlant et impétueux le souvenir d’un sable invasif, capable d’aller se coller partout. Très maîtrisé, pour autant le bord des corolles-abat-jours garde un peu de sa dentelle. Lorsque éteinte, le sable prend des allures solides de fin ciment naturel. À la limite d’une céramique mate, couleur crème. Et lorsque allumée, la lumière révèle les nuances du grain, les lignes du sable. Pour une lumière dorée, tout sauf uniforme. Avec Desert Storm, Nir Meiri réussit ainsi le tour de force de restituer quelque chose de la fragile poésie du sable.
Tempête du désert et fleurs des sables : des lampes simples et riches en évocations
Matériau prisé, voire surexploité, le sable renferme quantité de résonances. Tour à tour massif, avec le béton… Ou volatil, avec ce grain de sable capable de gripper engrenages et appareils digitaux. Synonyme d’agrément avec la plage, il devient pénible et collant lors des traversées du désert. Ludique, avec ses châteaux, râteaux et pelles. Ou infiniment ancien, comme résultat de l’érosion. Composé de quartz, de résidus de coquillages, de déjections de poissons… Symbole du temps qui s’écoule, impossible à retenir… Le sable est un matériau riche en histoires. Dans la nouvelle Les Ruines circulaires, Jorge Luis Borges parle même d’une chose encore plus impossible à réaliser que de « tisser une corde de sable ». Sans lui enlever sa légèreté, les lampes Desert Storm du Nir Meiri Design Studio réussissent ainsi à dompter ce matériau mi-solide, mi-fluide. Tout en livrant des corolles semblant se garder précieusement le droit de s’envoler.