DANSE | SPECTACLE

Hymen hymne

15 Fév - 16 Fév 2018

L'Atelier de Paris propose une soirée double programme, avec deux créations explorant chacune le couple désordre / archétype : Hymen hymne et La maladresse. Avec Hymen hymne, la chorégraphe Nina Santes scrute la figure de la sorcière. Au fil de cinq soli, entre rituel, magie et documentaire contemporain.

Le spectacle de danse contemporaine Hymen hymne, de la chorégraphe Nina Santes, plonge dans la figure de la sorcière. En tant que construction sociale genrée. Pièce pour cinq interprètes, Hymen hymne embrasse la diversité. D’abord, parce que sur scène la pièce prend les traits d’un concert parlé, dansé, et chanté. Ensuite, parce que le travail de Nina Santes s’attache à explorer les archétypes sociaux ainsi que les manières d’y échapper. Dans son précédent spectacle, Self made man, une femme faisait ainsi progressivement émerger sa masculinité. Au fil d’un solo explorant les rôles genrés pour mieux les intriquer. Enfin, parce qu’Hymen hymne constitue une ode à la différence, celle qui effraie ou rassure, en la figure, ici, de la sorcière. Cette femme collectivement désignée et condamnée, ou, au contraire, individuellement autoproclamée.

Hymen hymne de Nina Santes : un concert parlé, dansé, et chanté

Nina Santes a grandi dans une famille de marionnettistes et théâtre ambulant. L’exploration et la construction minutieuses de personnages font ainsi partie de son expérience. De même que l’ouverture interdisciplinaire aux arts vivants. La voix, les gestes, la danse… Nina Santes s’empare des corps pour en dévoiler l’altérité, l’au-delà des archétypes. Derrière les rôles ordinaires et convenus, d’autres rôles vifs affleurent, à construire. Avec Hymen hymne, croisant rituels et revendications, le personnage de la sorcière convoque fantasmes et réalités. Entre menace à l’ordre social et mémoire des luttes féministes. Et du travail documentaire aux rituels magiques, Hymen hymne rend visible l’altération. Un devenir-autre bien réel, lorsqu’il s’agit d’explorer les mouvements nord-américains néopaganiste ou écoféministe, comme le WITCH [Women International Terrorist Conspiracy from Hell – Conspiration Terroriste Internationale des Femmes de l’Enfer], par exemple. Ou encore les écrits et actes de Donna Haraway.

La figure de la sorcière : entre documentaire et rituels contemporains

Le spectacle Hymen hymne de Ninas Santes se structure ainsi autour des questions « Qui sont les sorcières? Qui sont nos sorcières? Où sont-elles, et d’où jaillissent-elles ? » Sur scène, les réponses prennent la forme d’une série de soli. Basés sur une recherche qui, en amont du spectacle, a notamment conduit Nina Santes jusqu’aux USA. Pour mieux collecter informations, interviews, expériences. Un matériel sonore et mémoriel à partir duquel recréer les rituels mis en œuvres, par exemple, par les sorcières contemporaines auto-proclamées. Actes sociopolitiques, ces rituels-performances existent de manières diverses. Et chacun des interprètes d’Hymen hymne s’est ainsi attelé à s’approprier l’une des archives sonores, pour en devenir une évocation, une mémoire, une prolongation vivante. En résulte un spectacle captivant, profond, comme les voix et chants qui le portent. Pour une plongée dans l’efficace sensoriel de la sorcellerie contemporaine.

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