Nina Childress
Nina Childress
«Mes longs cheveux…»
«Toute ta chevelure, Mélisande, toute ta chevelure est tombée de la tour!»
Situation indécise, double sens, faux réalisme, symbolisme primaire, abstraction déguisée, langage conventionnel, ton emphatique, atmosphère brumeuse… La pièce de Maeterlinck, mise en musique par Debussy, avait bien des raisons de fasciner Nina Childress.
Aujourd’hui avec sa nouvelle série de peintures floues, mises en espace chez Éric Dupont, l’artiste restitue, à sa manière déroutante et toujours subtilement décalée, une vision diaphane et ludique de l’éternel féminin avec tous ses ingrédients: rêve, égarement, emprisonnement, mystère.
Les tableaux? Une princesse, à dimension variable, se dédouble, se penche… Majestueuse, mais vêtue, elle descend un escalier… Notons que, contrairement à celle de la célèbre œuvre lyrique, la Mélisande de Nina Childress n’a pas perdu sa couronne!
La touche est un peu moins léchée qu’avant. En regardant attentivement, on découvre même certaines petites zones «brossées». La figure féminine, en tant que cliché pictural, devient le sujet de prédilection, comme c’était déjà le cas en 2002 à la galerie Artra de Milan.
Le flou ne sert plus uniquement à produire un effet optique déstabilisant, comme dans la précédente exposition «Out of focus» à la galerie Éric Dupont. Mais, il devient un allié pour créer une certaine émotion. Le visage, les épaules, la robe de la princesse, la forêt au petit matin sont traités tout en douceur… Chacune des tours — où une jeune fille de rêve pourrait être captive —demeure une énigme.
L’étrange incursion sonore dérivée de l’introduction du fameux air «Mes longs cheveux…» et la lumière en sourdine dans laquelle baignent les peintures, contribuent à rendre cette exposition surprenante.