Présentation
Nicolas Raynard, Jean-Louis Marzorati
Nids ethniques
Nicolas Reynard était un des grands photographes français. Il avait entrepris, parallèlement à son travail destiné aux magazines, un travail à la fois immense et magnifique : photographier en noir et blanc, et en couleurs, des peuples qui, sur tous les continents, poursuivent un mode de vie traditionnel en marge du monde occidental. Il avait axé ses reportages sur l’habitat : collectif chez les Matis d’Amazonie et les Hakkas de Chine, flottant chez les Moken de Thaïlande, démontable chez les Gabras du Kenya, en terre chez les Chipayas de Bolivie et les Dogons du Mali. Mais bien au-delà du reportage ethnologique, c’est également une réflexion artistique qui guide le photographe.
En noir et blanc d’abord. Il photographie avec un polaroïd, ce qui, dans les conditions de leurs prises de vues, donne des images qui s’altèrent immédiatement. Ainsi les tirages révèlent des taches, des rayures ou des écaillures qui racontent elles aussi une partie de l’histoire vécue avec ces peuples. Un passe-passe chronologique troublant pour rendre hommage à l’immense photographe des tribus indiennes nord-américaines, Edward Sheriff Curtis (1868-1952).
En couleurs aussi. Car ces peuples, vestiges d’un temps colonisé par la société industrielle, vivent toujours aujourd’hui – bien que leur équilibre soit menacé. Il nous les montre, loin des regards convenus, avec un sens exceptionnel de la lumière et de la composition, dans leur quotidien, leur habitat, leur mode de vie. Ces images sont stupéfiantes de beauté et d’émotion. Elles se regardent comme de véritables tableaux.
Nicolas Reynard n’a pu prolonger cette exploration. Ce livre réunit les reportages réalisés jusqu’à sa mort et c’est son ami Jean-Louis Marzorati, ancien rédacteur en chef, journaliste, compagnon de voyage, qui nous raconte l’histoire de ces derniers peuples.
Nicolas Raynard (1959-2004) était photographe pour l’agence Gamma et National Geographic.
Jean-Louis Marzorati est journaliste grand reporter.