L’exposition « Endless Portraits, 2015-2016 » présente au Centquatre-Paris une série de portraits réalisés par Nicolas Clauss, à la croisée de la photographie, du film et des nouvelles technologies.
Des portraits entre photographie et film
Diffusée sur de grands écrans verticaux dans la nef et la Galerie Ephémère, la série Endless Portraits (Portraits sans fin) propose une forme inédite de portraits : des portraits en mouvement, à cheval entre la photographie et le film. Filmés en divers lieux à travers le monde (Séoul, Bangalore, New York, Sicile…), ils sont constitués de quelques secondes de film rejouées à l’infini, suivant une écriture générative. N’ayant ainsi ni début ni fin, ils explorent la dilatation du temps cinématographique.
S’inscrivant dans un certain classicisme, qui témoigne du passé de peintre de Nicolas Clauss, chaque portrait nous confronte à un regard immobile fixé sur nous. Pourtant, ici, le reste de l’image est mobile, conférant à l’œuvre son apparence ambiguë, entre photographie et film. Il ne s’agit cependant pas non plus d’une simple boucle vidéo : la bande est traitée par Nicolas Clauss de façon à se libérer de sa linéarité naturelle en la remplaçant par une diffusion semi-aléatoire de l’image, via un ordinateur et des algorithmes.
Endless portraits : vidéographies aléatoires pour des portraits sans fin
Les portraits poursuivent ainsi la recherche menée par Nicolas Clauss dans les « vidéographies aléatoires ». Si les éléments filmés sont bien exploités dans leur double dimension spatiale et temporelle, la diffusion de toutes les images qui les composent est soumise au hasard algorithmique. La vidéo devient alors un paysage en mouvement, où les notions de début et de fin sont abolies et où la durée est dilatée. Derrière le sujet du portrait, l’image se renouvelle sans cesse, vibre d’une façon toujours différente. Une inconstance qui rend l’immobilité du regard d’autant plus troublante.
A travers la recherche formelle et les nouvelles pistes qu’il dégage dans l’exploration de l’image en mouvement, le travail de Nicolas Clauss est aussi est surtout une exploration de la personne humaine. L’apparente fixité des individus portraiturés, opposée à un arrière-plan toujours vibrant, renvoie à la vibration invisible mais pourtant bien réelle qui les anime. Cette vibration intérieure propre à chacun est au centre de chaque portrait de la série. Les yeux fixes, parfois interrogateurs, parfois indifférents, dominateurs ou rêveurs, sont la porte de notre questionnement et de notre imagination : quelle est l’histoire de cette personne, comment vit-elle, quels sont ses projets ?