Isabelle Taourel, Sergei Isakov
Ni d’ici ni d’ailleurs. Un jardin en hiver
En 2011 Sergei Isakov a invité Isabelle Taourel a partager le thème du blanc, ce qui fait dire à Martine Lerude: «y a-t-il eu dialogue entre le photographe et le peintre? Ou bien est-ce une fiction suscitée par la rencontre d’une même radicalité dans le travail de l’un et de l’autre?»
Blanc et blanc
La peinture d’Isabelle Taourel semble répondre au blanc aride et infini, qui clôt la série des photographies de Sergei Isakov, par l’épaisseur et le mouvement d’un blanc habité par la lumière; la lumière mouvante, insaisissable, qui nous saisit pourtant, et nous entraine dans son propre jeu.
Blanc, dont les vagues éveillent une suite d’images fugitives, anachroniques et secrètes. Blanc, soudain devenu intime, qui ouvre la mémoire — je suis envahie du souvenir de cette lumière d’hiver, radicale, qui blanchissait les lacs gelés de Berlin et faisait surgir la violence inattendue d’un blanc brillant de mille couleurs.
Blanc vivant de son mouvement interne, de la lumière qu’il engendre, de l’attente qu’il suscite : une joie immatérielle venue de très loin, de toutes les toiles vues et oubliées, et de celles dont l’image s’impose précise, intacte.
Blanc fondateur transportant avec lui toute l’histoire de la peinture. Mélodie ancienne du blanc blanc blanc belle rose ou encore abstraction lyrique qui promet la couleur à venir.
Martine Lerude
Cet ensemble d’œuvres intitulé Un jardin en hiver constitue, pour Sergei Isakov, «une tentative de s’éloigner encore de la réalité quotidienne, concrète et immobile, pour approcher ce qui figure l’essence et la spontanéité de l’existence».
Isabelle Taourel est née en 1960.
 Après des études universitaires, elle s’initie aux techniques de la patine et de la fresque murale. Depuis 1995 Isabelle Taourel se consacre à la peinture et à la gravure. Sa série Paysage de l’exil a fait l’objet d’une exposition à la galerie LWS en 2010.
Sergei Isakov est né en 1974 dans l’Oural, en Sibérie occidentale. Fruit de l’influence des formes constructivistes sobres et libérées de tout propos, son œuvre s’ancre dans le silence et la force évocatrice de l’image. En janvier 2010, une exposition présentait à Paris, les photographies de sa série Les Routes blanches. En juin 2011, sa première exposition personnelle en France, «Vorkouta, nuit polaire», a réuni un ensemble fascinant de vues d’une ville fantomatique où les lignes, les formes et les lumières redessinaient son histoire, dans une réalité biaisée.