L’exposition « Nevermind » à la galerie du 5e, à Marseille, dévoile la dernière série photographique d’André Mérian. L’événement s’inscrit dans le festival La Photographie Marseille #6, dédié à la photographie contemporaine.
Le dépouillement comme évocation de l’invisible
Les nouvelles photographies d’André Mérian sont unies par un même sens du dépouillement. Tout l’espace d’un des clichés est rempli par un rideau opaque dont l’uniformité est seulement rompue par ses plis et par l’ombre et la lumière projetées sur lui. Dans un autre, c’est un ciel nuageux qui occupe toute la surface. Ailleurs, c’est une porte entrebâillée, un pare-brise de voiture derrière lequel s’étend un pare-soleil en aluminium, ou encore la traîne blanche d’un avion à travers le ciel bleu qui a retenu l’œil du photographe.
Par leur caractère extrêmement épuré, les clichés constituent la suite logique des précédentes réalisations d’André Mérian dont elles portent les principes plus loin encore. Ici, la sobriété des sujets choisis et la concision de motifs à laquelle la prise de vue les réduit engendrent des compositions à la limite de l’abstraction. Les photographies rendent ainsi compte d’une conception du regard comme porte d’entrée sur un monde quasiment invisible, fait de signes.
L’impact visuel du réel est au cœur des photographies d’André Mérian
Les travaux d’André Mérian jusque-là inspirés par les paysages périurbains se resserrent aujourd’hui autour de vues d’intérieurs et de scènes du quotidien ou au contraire s’ouvrent à des paysages naturels au caractère presque universel. Tous les sujets de ces photographies sans titre semblent avoir été choisis au hasard, glanés de façon fortuite au cours de promenades. Ce qui est visé n’est pas l’originalité de la scène ou du site mais l’intensité immédiate que provoque la vision de certains éléments. De la même façon que leurs motifs lapidaires frappent notre regard, ils ont frappé celui du photographe. Toute leur qualité réside dans leur capacité à transmettre cet impact initial.
Pour précisément rendre cet impact, les captations photographiques d’André Mérian obéissent à des constructions très rigoureuses qui contredisent le détachement suggéré par le titre de la série, Nevermind (Peu importe). L’organisation de chaque photographie répond à une réflexion minutieuse en matière de cadrage, d’agencement des lignes, d’exploitation de la lumière. La recherche et le calcul sont au cœur de la démarche d’André Mérian qui parvient ainsi à rendre sensible la force du réel.