Diana Thater
Nature morte
Depuis les années 1990, Diana Thater réalise des installations hybrides dans lesquelles les multiples projections vidéo s’intègrent à l’espace architectural et où les moniteurs y sont placés sculpturalement. Elle questionne la façon dont les spécificités d’un site déterminent les effets phénoménologiques de l’œuvre. Son travail se construit en tenant compte de l’architecture, de la lumière et du mouvement du spectateur dans l’espace.
Le spectacle de la nature se déploie, mais est constamment réprimé par les stratégies techniques dont elle fait usage: absence de son, montage, ralenti, séparation des couleurs qui composent la projection lumineuse (rouge-bleu-vert). Il n’est par conséquent pas question de spectacle ou d’illusion dans le travail de Thater, comme c’est souvent le cas dans l’art vidéo, qui se rapproche davantage de l’expérience cinématographique et qui se définit par une certaine linéarité et une temporalité cohérente.
Elle en exploite le potentiel non-narratif et abstrait.
«L’abstraction en cinéma et en vidéo est la non-représentation du temps. J’ai voulu utiliser une imagerie non-narrative et construire une temporalité non-narrative.»
Elle instaure de cette façon un dialogue entre le site et l’œuvre qui amène le spectateur à prendre conscience de la réalité matérielle comme immatérielle de l’espace. Son attention vacillant entre la conscience du site réel et l’illusion de la projection. L’œuvre de Diana Thater expose ainsi la ligne entre ce qui est naturel et ce qui est construit, dans l’image comme dans l’expérience.