L’artiste mexicain Gabriel Rico a commencé sa carrière en tant qu’architecte puis est devenu un artiste plasticien. Après le Mexique, les États-Unis, l’Italie et la Corée du sud, il présente désormais son travail à Paris, à la Galerie Perrotin. Son exposition « Nature Loves to Hide » se compose de cinq installations et sept sculptures.
« Nature Loves to Hide » : une incohérence arithmétique et géométrique ?
Des animaux empaillés, des ballons de baskets, des branches d’arbre et une colonne ionique fragmentée : voici un aperçu de ce qui compose les œuvres de Gabriel Rico dans son exposition « Nature Loves to Hide ». Quel est le lien entre ces éléments apparemment insolites ? C’est précisément la question soulevée par l’artiste, tout particulièrement à travers une vaste installation murale intitulée II Mural. Elle fait songer aux tableaux blancs recouverts de calculs mathématiques savants, à ceci près que les « x » et « y » des équations sont remplacés par une multitude de minéraux, de végétaux ou d’artefacts.
Les valeurs abstraites reprennent ainsi une consistance concrète. Des équations farfelues, des semblants de graphiques, des figures symétriques ou en 3D s’entremêlent avec un masque, une pierre, une guitare, une feuille ou un nain de jardin. Des flèches tourbillonnantes relient parfois ces éléments éparses, semblant indiquer des liens de corrélations ou de cause à effet. De cette large équation murale, on ne comprend qu’une chose : Gabriel Rico est en quête d’une cohérence parmi tous les éléments du réel qui ne paraissent pas en avoir.
« Nature Loves to Hide » : une archéologie de l’avenir
Dans les œuvres de Gabriel Rigo, le mélange insolite entre objets naturels et artificiels conduit à les percevoir comme d’importance équivalente, ce qui bouleverse la hiérarchie communément admise entre nature et culture. La sculpture murale III représente ainsi des motifs symétriques constitués de plumes en cuivre, parmi lesquelles se dissimulent, sans qu’on le remarque d’emblée, de véritables plumes. De même, une installation montre une biche empaillée aux côtés d’un fragment de colonne ionique soulevée par des cordes. Intitulée To be Preserved Without Scandal and Corruption, l’œuvre suggère que les espèces animales, autant que les monuments historiques, doivent être préservés.
L’exposition écorne donc l’illusion d’une division nette et indépassable entre nature et culture, entre reproduction et production. Elle replace l’être humain, comme ses créations, au cÅ“ur du monde qu’il habite, sans pour autant instaurer de lien de hiérarchie et de domination. Le titre « Nature loves to hide » (La nature aime se cacher) de l’exposition est emprunté au philosophe grec Héraclite, qui explique que la nature existe pour et par elle-même, et pas seulement pour répondre à nos besoins. « Nous ne sommes qu’une page dans l’immense livre de l’histoire de la Terre », explique Gabriel Rigo, et il viendra un jour où les objets artificiels comme naturels de notre époque composeront une strate supplémentaire de sa croûte terrestre.