L’exposition « Versions » à la galerie Jousse Entreprise, à Paris, présente de récentes peintures de Nathanaëlle Herbelin : des tableaux réalistes transcendant poétiquement le banal, des scènes faussement abstraites ou encore des portraits.
Nathanaëlle Herbelin, des peintures entre réalité prosaïque et poésie
Les peintures de Nathanaëlle Herbelin s’inscrivent dans une pratique cultivant les ambiguïtés : elles prélèvent des éléments banals dans le réel qu’elles restituent d’une manière à la fois prosaïque et poétique, dans un geste de transcendance qui n’est pas dénué d’un léger humour. Le réalisme le plus poussé est chez la peintre souvent synonyme d’une proportionnelle ambivalence.
Ainsi un des tableaux, transmet à la fois une vision inspirée par le roman Les Choses de Georges Perec et la représentation de la bibliothèque d’un appartement prêté par un ami. Entre univers fictif et réalité objective, il traduit la fascination de Nathanaëlle Herbelin pour l’idée d’un intérieur à soi.
Nathanaëlle Herbelin trouble la frontière entre figuration et abstraction
Parmi les tableaux récents de Nathanaëlle Herbelin se dessine un autre jeu ambigu qui trouble la frontière entre figuration et abstraction. A la manière de clins d’œil à sa période d’apprentissage à l’école des beaux-arts, l’artiste détourne des vues de chantiers d’exposition ou d’ateliers ou des objets pour les rendre méconnaissables et quasi abstraits. Ainsi dans le tableau intitulé Coin, une boîte noire servant à montrer de la vidéo évoque une toile monochrome, ailleurs un tréteau ressemble à un module métallique ou à un chevalet, une nature morte de petit format nous fait confondre une de ces protections placées autour des gobelets de café à emporter pour éviter de se brûler les doigts, simple morceau de carton trouvé aplati dans la rue, avec une sculpture abstraite.
Des portraits de proches et d’inconnus, peints au hasard de rencontres dans la rue ou dans des salles d’un musée, forment la nouvelle recherche picturale de Nathanaëlle Herbelin. Intitulés Eléné ou Simon et Christine, ils montrent des personnages, seuls ou en groupe, dont le regard se détourne de moins en moins du spectateur, qui tente d’y lire des histoires qu’il ne peut qu’imaginer. Les peintures de Nathanaëlle Herbelin agissent comme des espaces protecteurs dans lesquels se nichent les souvenirs et la rêverie.