D’un côté le modernisme se définirait par son rejet de la représentation, c’est-à -dire du paradigme classique, de l’autre, l’art contemporain s’opposerait au modernisme par son rejet de l’intériorité de l’artiste. Dans cette perspective le moderne et le contemporain se rejoignent du côté de la rupture, de la remise en question des frontières définitionnelles de l’art, mais se séparent du point de vue de la place accordée à la subjectivité.
Pour les représentants du premier l’extériorisation d’une intériorité est primordiale, pour les seconds la subjectivité de l’artiste passe à l’arrière plan. Et, selon la sociologue, c’est justement sur ce point que l’appréhension de l’art contemporain devient difficile.
Or, opposer le moderne au contemporain sur la base de l’intériorité de l’artiste ne fonctionne pas face au courant des «Mythologies personnelles» (années 1980) et encore moins face aux mouvements tels que le Futurisme ou le Constructivisme dont l’horizon n’est nullement la subjectivité créatrice.
Certes l’art contemporain ne répond plus aux critères du modernisme, mais ces critères ne sont pas relatifs à l’intériorité artistique. Là où le modernisme, en se dégageant de la représentation, cherchait à produire un sens immanent, interne aux formes, aux couleurs et aux matériaux, l’art contemporain renoue avec un sens transcendant, symbolique, externe à la matérialité de l’œuvre.
Pour cette raison le contemporain en appelle à des dispositifs discursifs et à l’intellect, alors que le modernisme convoquait en dernière instance la sensibilité. C’est justement parce qu’il est conceptuel que l’art contemporain s’expose au rejet et nécessite des médiations pour être correctement perçu.