Frank Nitsche déroute — mais peut-être est-ce là la séduction même — par ses tableaux où la peinture semble s’affranchir des règles d’une certaine mise en scène, pour en forger une autre.
Résultats d’une véritable virtuosité physique — on pense d’emblée à « l’art de la rue », art de la virtuosité gestuelle s’il en est —, et d’une improvisation qui a tout l’air d’obéir à des règles très élaborées.
Tout donne en effet l’impression d’une anamorphose savamment (dé)construite. Le tracé même de la peinture semble s’affranchir du cadre, recréant à l’intérieur du tableau des formes géométriques à la recherche d’une définition, où les bords du cadre semblent répétés à l’infini, à l’envi, distordus…
Parfois de minces bandeaux viennent cerner ces figures, un peu comme si cette abstraction tirait les conclusions qui semblent s’imposer, c’est-à -dire l’échappée belle du geste et de la peinture en dehors du cadre. Le cadre serait en quelque sorte devenu l’ultime objet à réfléchir, la dernière matière-matrice à réflexion, miroir déformant pouvant par là -même suggérer la vision, créatrice celle-là , du miroir déformé où les couleurs s’unissent en une harmonie inattendue et semblent être, réflexion faite, le véritable sujet de cette déconstruction…
Frank Nitsche :
— Untitled (RAH-5-2003), 2003. Huile sur toile. 200 x 180 cm.
— Untitled (MOD-3-2002), 2002. Huile sur toile. 240 x 280 cm.
— Untitled (25-12-02), 2002. Crayon graphite sur papier. 23,50 x 32 cm encadré.
— Untitled (28-12-02), 2002. Crayon graphite sur papier. 23,50 x 32 cm encadré.
— Untitled (ATP-2-2003), 2003. Huile sur toile. 290 x 410 cm.
— Untitled (BAC-4-2003), 2003. Huile sur toile. 220 x 200 cm.