— Éditeur : Phaidon
— Année : 2003
— Format : 30 x 22,50 cm
— Illustrations : environ 504, en couleurs
— Pages : 448
— Langue : français
— ISBN : 0714893714
— Prix : 95 €
Présentation
À 50 ans, Nan Goldin a composé avec sa vie et son entourage une collection inestimable de photographies. Depuis son premier ouvrage, Ballad of Sexual Dependancy, publié en 1986, qui reçut le prix du livre de photographie aux Rencontres Internationales d’Arles en 1987, la photographe a poursuivi un chemin tortueux, riche d’aventures humaines indissociables de son travail photographique ; d’autres publications dont I’ll be your Mirror (1996), mais surtout de nombreuses expositions à l’échelle internationale lui ont permis de s’imposer comme une grande artiste de la photographie contemporaine et d’irradier l’art contemporain d’un style et d’une sensibilité, presque trop outranciers pour être acceptés au premier abord.
Son travail sur les drags queen débuté assez tôt dans les années 1970, puis son implantation dans le tissu urbain qui abrite les créatures fragiles, malades et perçues comme dangereuses par la société de Boston, New York ou Paris, entre autres, tendent presque à la marginaliser en photographie. Marginale, elle l’est et se penche avec amour sur les communautés minoritaires liées au monde de la nuit, la drogue, l’autodestruction. À l’opposé des photographes reporter, elle photographie les personnes de ces milieux parce qu’ils sont ses amis, ses amants et sa famille. Son choix de vie est pleinement assumé, tandis qu’elle donne à la photographie une place centrale dans sa vie. Aujourd’hui, le public connaît largement son travail des années 1980 et la série de portraits de ses amis homosexuels et lesbiennes, devant presque tous disparaître, tués par le sida.
Le Terrain de jeu du diable présente 21 séquences photographiques arrangées comme pour créer un envol de 504 images allant des éléments de la vie les plus naturels aux reliques laissées par les êtres après un long et durable passage sur terre. Entrecoupées de 13 textes, certains spécialement écrits pour cet ouvrage par Catherine Lampert, Guido Costa, Richard Price et d’autres empruntés aux répertoires du poète américain E. E. Cummings, des chanteurs et musiciens Leonard Cohen et Nick Cave, de l’actrice et écrivain Cookie Mueller, parmi d’autres plumes, les images de Goldin appartiennent pour la plupart aux sept dernières années et sont dans leur très grande majorité publiées pour la première fois.
Une autre facette de la photographe est ici dévoilée, tout aussi expressive et riche que celle que l’on connaît. Le chapitre inaugural « Éléments » est celui de photographies de lieux à la limite de l’abstraction et d’atmosphères, de plus en plus liquides. La combinaison des chapitres de photographies avec les textes se présente de manière asymétrique et casse la narration. Les écrits « Une famille à part » de Catherine Lampert et « Planer » de Guido Costa fonctionnent comme deux projecteurs sur le travail de la photographe, tandis que les poésies, les chansons et les récits sont autant de correspondances et de références à découvrir autour des photographies.
Le Terrain de jeu du diable regroupe des familles de photographies au sens propre : la maternité, les familles et les couples. Certaines images, exposées au Centre Georges Pompidou à l’automne 2001, occupent une large place au sein du livre : Aurèle et Joana, Valérie et Bruno, son neveu Simon et son premier amour. Nan Goldin s’impose comme portraitiste en réalisant de grandioses images d’enfants, du lien parental et de l’amour au quotidien, vécus comme les choses les plus naturelles et simples. En parallèle, la solitude traduite dans des photographies de nature morte, de lits abandonnés et de fenêtres d’hôpital, notamment le récit photographique de sa blessure très grave au poignet, semble être présente partout : ainsi les chapitres « Fin d’un siècle », « 57 jours Roosevelt Hospital », « Chute dans une piscine vide », « Pièces vides » ou bien « Toujours sur terre » rappellent définitivement la perte des proches, l’arrachement à la vie et une forme d’attente léthargique, face à la mort. Toutes ces images, parfois proches de la désespérance ou atteignant la joie de vivre, sont couronnées par l’expression permanente de l’amour de la photographe pour ses personnages. Pour elle, l’acte de la photographie équivaut au geste de la caresse et s’apparente à une déclaration d’amour, sans les mots et la voix.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Phaidon)
L’artiste
Nan Goldin est née en à Washington DC, Etats-Unis.
Les auteurs
Guido Costa est écrivain et conservateur de réputation internationale. Il a travaillé en étroite collaboration avec Nan Goldin pendant de nombreuses années.
Enrique Juncosa est directeur de l’Irish Museum of Modern Art, à Dublin.
Catherine Lampert a été directrice de la White chapel Gallery à Londres. Elle est actuellement commissaire d’exposition indépendante et écrivain.
Richard Price est un auteur de romans et un scénariste de renom.