Myriam Mechita
Myriam Mechita
Entrer dans l’exposition de Myriam Mechita revient à saisir un temps d’arrêt, un moment suspendu dans une lumière atone. Chaque élément présent semble perdu au sens où, qu’il s’agisse des sculptures animalières ou des personnages figurés dans les tapisseries, leur tête leur manque, les uns sont décapités, les autres encapuchonés. Leurs sens les trahissent et leurs mouvements en sont entravés.
Cet effort pour interrompre le mouvement est présent au coeur même de la pratique de Myriam Mechita : les dessins ne sont conçus qu’avec l’idée qu’ils sont constitués de traits discontinus, les tapisseries de milliers de paillettes brodées patiemment une à une et les sculptures de perles assemblées non moins méthodiquement. Masse et matière sont à chaque fois ramenées à l’unité dupliquée qui les forme.
Les tables en bois, lieux symboliques du faire, sont retournées comme la terre d’un champ labouré depuis lequel se dresse d’autres figures, et s’affichent désormais comme un contenant, un réceptacle, plutôt que comme une surface plane disponible.
De petites sculptures rappelant les objets d’un cabinet de curiosités se présentent comme des vanités, mais l’exposition dans son ensemble en est une immense dans son effort funeste pour saisir le temps qui passe : arche de chevreuils bondissants arrêtés en pleine course, coulures noires au mur n’atteignant jamais le sol , portrait pixélisé de la mère et la fille, personnages disparaissant sous un drapé sculptural dont le genou fléchi est un frein au déplacement. Et cet arrêt des corps en mouvement et du temps en général pèse de tout son poids au sens propre, allant s’incarner notamment dans l’aspect sculptural du dessin de certaines figures.
Sandra Cattini
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
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