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Myriam Bat-Yosef

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@12 Jan 2008

Rétrospective choisie de Myriam Bat-Yosef, une artiste cosmopolite et passionnée qui a partagé sa vie entre l’Allemagne, la France, les Etats-Unis, l’Islande et Israël. Une œuvre polymorphe à découvrir à l’occasion de la parution du livre monographique Peintures-Objets-Performances.

Myriam Bat-Yosef est de ces artistes qui entretiennent une relation fusionnelle avec leur art. Les Six photos de symbiose tirées de la performance Mon testament réalisée en 1992, mettant en scène l’artiste et son œuvre, le prouvent sans conteste: elles se ressemblent, s’assemblent, se regardent. Elles se nourissent l’une l’autre.

A plusieurs reprises, cet art vivant a été mis en œuvre via la performance. Une vidéo donne à voir les aventures d’«Un certain Plume», d’après les textes du poète français Henri Michaux. Le personnage de Plume, véritable toile vivante, incarne ce mouvement dialectique où l’homme et l’œuvre d’art ne font plus qu’un.

Artiste femme, mieux, femme-artiste, Myriam Bat-Yosef utilise l’art comme médium pour revendiquer une féminité accomplie, voire un féminisme assumé. «C’est mon désir que j’expose dans mes travaux», affirme-t-elle. Une série de dessins sur papier aux titres évocateurs — No woman’s land (1993), Yahvé être (1993), Entre cielether. Around my empty womb (1994) —, réalisés après son accouchement, montrent, tels des échographies picturales, le ventre vide, vidé, blanc. On est tenté de parler de pro-création artistique devant l’œuvre de cette femme qui dit «enfanter des peintures comme elle a enfanté sa fille»…

Une féminité que l’on retrouve dans la série des objets peints, visibles depuis l’extérieur de la galerie. Ses Talons aiguille (1993), souliers dentés emprisonnés dans un cube en plexiglas, ne sont rien de moins qu’un fatal clin d’œil au cinéaste espagnol Pedro Almodovar, dont l’un des célèbres films porte précisément ce titre. Non sans un certain humour, Myriam Bat-Yosef élabore d’étranges créatures, sortes de ready-made bigarrés aux curieux atours. Ainsi, une tête de chapelier en bois peint, surmontée d’une tête de rateau à feuilles, suffisent à incarner Le Dieu Soleil (1986). De même, une tête en polystyrène, affublée d’une petite hâche, donne Le punk (1987). Isolée dans une alcôve, La table de jeux érotiques et ses tabourets (1988), sensuellement ludique, est une invitation ouverte au plaisir partagé. La chaise Comme il vous plaira (1986) se déplie des deux côtés, offrant deux univers colorés, à choisir selon l’humeur du moment.

Les sphères de Jérusalem (1971) illustrent quant à elles la situation politique de la ville sainte: dix boules de liège peintes et aimantées représentent l’union lorsqu’elles tiennent ensemble, et l’éclatement lorsque, une fois l’équilibre des forces rompu, elles tombent et se dispersent. Le dessin sur papier intitulé Antiracisme, possède lui aussi une consonnance politique.

La religion est également présente dans l’œuvre de Myriam Bat-Yosef, notamment à travers la série intitulée «La vision d’Ezechiel», composée de deux encres de Chine, l’une sur papier, l’autre sur toile, et de La tour des prières, objet formé de deux socles en chêne collés l’un contre l’autre.

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