Avec Diotime et les lions (2018), la chorégraphe Mylène Benoit et la plasticienne Magda Kachouche (Cie Contour Progressif) signent un spectacle jeune public (dès sept ans). Soit une pièce musicale racontant le périple initiatique d’une jeune fille, Diotime. Issue d’une longue lignée ayant pour lointains ancêtres des lions, sa famille organise tous les ans un combat rituel où lions et hommes s’affrontent pendant deux jours et une nuit. Mais en tant que femme, Diotime ne peut pas, théoriquement, participer. « Puisque tu es lion, sois le » : pièce basée sur le roman éponyme d’Henry Bauchau, Diotime et les lions conjure les déterminismes. Avec le soutien de son grand-père et la rencontre d’un jeune homme, Diotime se prépare ainsi au combat. Contre ses ancêtres lions. Et contre ses propres croyances, comme autant de chaînes extérieures, profondément intériorisées. Sur une scène tout en clair-obscur, se déploie alors un paysage de conte.
Diotime et les lions de Mylène Benoit et Magda Kachouche : entre danses et chants
Composée par Nicolas Devos et Pénélope Michel (Cercueil / Puce Moment), la création musicale accompagne la scansion du texte. Tandis que le jeu de lumières et projections fait apparaître et disparaître des paysages et personnages. La danse, les voix et chants, le rituel… Sur scène s’élabore un moment de suspension, en prise direct avec l’imaginaire. Tandis qu’un dispositif visuel permet une création lumineuse en live. Activés par les interprètes — Céline Cartillier et, en alternance, Magda Kachouche ou Mylène Benoit —, les projecteurs et rétroprojecteurs, comme des totems contemporains, réagissent aux voix des personnages. Soit une façon, aussi, de remettre un peu de magie dans des outils techniques au fonctionnement surdéterminé. Moment de fête et de rituel, Diotime et les lions célèbre également l’importance des gestes. Ceux du maquillage, du chant et de la danse, par exemple, pour se préparer à affronter les épreuves de la vie.
Pièce musicale interactive (dès 7 ans) : quand les rituels se font créatifs et festifs
Spectacle interactif, Diotime et les lions invite les spectateurs à participer. En leur offrant la possibilité d’une inclusion par les gestes, la voix. Dans le roman d’Henry Bauchau, paru en 1991, la jeune fille ressent une fascination viscérale pour le combat rituel. Et tandis que son père et son grand-père la comprennent, sa mère et sa sÅ“ur en conçoivent une forme d’horreur. Pour dépasser cette incompréhension, poussée par son intuition ou son intime conviction, Diotime part alors à la recherche des lionnes. Réservoirs inépuisables, les mythes collectifs, à travers les âges et lieux, offrent presque toujours de quoi s’inhiber ou se donner du courage. Des martyrs chrétiens jetés en pâture aux lions à Sekhmet, déesse à tête de lionne. Mais Diotime écrit surtout sa propre histoire, ainsi que son rituel, auquel elle convie les publics. Une façon plutôt joyeuse, en somme, d’inciter chacun à cultiver soigneusement son propre imaginaire.