Marie Lancelin
My Models
Avec «My Models», Marie Lancelin envisage la galerie comme un laboratoire, nous plongeant dans ses recherches filmiques. Composé de projections vidéo, de surfaces colorées et de dessins muraux, l’installation modélise un processus de fabrication d’images, de personnages, de portraits, pour générer une expérience d’observation immersive.
Le projet explore les marges du film, cette zone floue où les acteurs n’ont pas pris toute la mesure de leurs personnages, mais restent sous le contrôle du dispositif cinématographique. A travers ce montage spatialisé, Marie Lancelin explore les processus de commande et de communication qui sont au cÅ“ur des théories cybernétiques et marquent les relations entre acteurs, metteur en scène, machines et regardeurs.
Les images projetées sont fragmentées: les visages, les gestes, les intentions sont déstructurés dans l’espace. Des moments «off», hors du script, composant un hors-champ sont captés par l’œil d’une caméra omnisciente: des temps d’expérimentations mais aussi de courts instants entre deux prises où les acteurs s’interrogent, attendent, grimacent, se concentrent ou se relâchent, inconscients d’être filmé.
Un vaste dessin mural se déploie sur l’ensemble des parois de la galerie, immerge le spectateur dans une grille de signes: marquages au sol, annotations délimitant des zones dans l’espace, repères de focalisation, de graduations que l’on trouvent sur le viseur de la caméra et sur les écrans de contrôle. Appropriée et détournée par l’artiste, cette grammaire compose un langage graphique à part entière, venant cadrer, décadrer les personnages projetés et révéler le système dans lequel ils sont contraints d’apparaître ou de disparaitre.
Enfin, un prompteur diffuse un texte combinant des dialogues et des instructions utilisées pendant le tournage, achevant de nous propulser dans les coulisses de cette expérience plastique, cinétique, filmique.
On retrouve au cÅ“ur de ce projet l’intérêt marqué de l’artiste pour les questions de contrôle et de manipulation qu’elle explore en faisant dérailler les signes du langage cinématographique. Marie Lancelin croise ici une abstraction picturale avec une figuration où l’humain est tenaillé entre respect des cadres et prises de libertés. C’est à ce carrefour qu’elle positionne les spectateurs arpentant l’installation, leurs regards et leurs mouvements à la fois libres et contraints, devenant à leur tour sujets des expériences de l’artiste.