My journey to the stars

Damien Deroubaix
My journey to the stars

«La foire aux atrocités» est un essai visionnaire de J.G. Ballard, dans lequel l’écrivain prophétise le paysage médiatique et culturel actuel qui envahit et brise l’esprit de l’individu.

Mais «La foire aux atrocités» pourrait être également la meilleure formule pour résumer l’essence même du travail de Damien Deroubaix, un art qui met à nu les travers sociétaux que sont la violence, la consommation ou le culte du corps.

Damien Deroubaix est un artiste furieux, d’une radicalité adolescente contestatrice, qu’inspirent la musique «métal», les cultures «anarcho punk», et leur critique de la société érigée à grands coups de textes ultra politisés et de mélodies griçantes.

Pas étonnant que Deroubaix, qui vomit la puissance capitaliste et son impérialisme rampant, emplisse ses oeuvres de symboles de désastres, de mort ou d’au-delà, faisant allusion aux instruments de répression et de propagande du monde actuel: «L’économie, qui déguise ses armes sous les bons sentiments. La pub, qui vend les femmes comme de la viande» sont autant de symboles de pouvoirs et de manipulation contre lesquels l’artiste fourbit ses armes!

Damien Deroubaix produit une peinture noire, grise et verte habitée par des monstres difformes, des écorchés, des militaires et des billets de banque poussant sur les arbres.

Ses oeuvres graphiques comme ses sculptures sont immanquablement accompagnées de textes cut-ups reprennnant des formules choc de groupes musicaux metal.

En mêlant les matériaux nobles de l’histoire de l’art (gravure, peinture) à une esthétique un peu «cheap» façon pochettes de disques death metal, Damien Deroubaix travaille une sorte de «tenir ensemble» saisissant qui tient autant de la technique d’un Dürer, que de la fureur d’un Jeffrey Walker ou d’un Mick Harris, respectivement chanteur du groupe Carcass et guitariste de Napalm Death…

Rien d’étonnant donc à ce que l’exposition «My Journey to the Stars» soit également le titre d’un célèbre morceaux black metal écrit par Burzum, un musicien aux engagements politiques contestables.

Dans le centre d’art, des aquarelles, des estampes, des sculptures à l’esthétique «trash» se déploient et puisent dans une symbolique cauchemardesque inspirée en partie par le contexte singulier d’un centre d’art intégré à un hypermarché, lui même situé en périphérie d’une ville de garnisons militaires.

Mais, l’exposition est avant tout un instantané de l’actualité artistique de Damien Derbouaix. Ainsi, monstres et squelettes, icônes «death metal», paysages morbides et commentaires ironiques continuent à peupler ses oeuvres pour créer dans l’espace un univers onirique et provocateur.

Parmi les oeuvres, plusieurs pièces sont produites pour l’occasion, dont une peinture monumentale également intitulée «My journey to the stars».

Ici, ce sont quelques 4 mètres par 3 de fonds délavés, de tons bleus, verts et violets, qui allument littéralement la noirceur ambiante du sujet: un cheval décharné galope dans une étrange forêt où évoluent squelettes d’enfants, femme «méduse» et corps amputés. Le cheval en carcasse une fois transposé en 3D (à l’échelle1/1) finit par surgir de la peinture pour trôner lugubrement au milieu du centre d’art. (Magali Gentet)