L’exposition « Musique à voir » présentée au Lieu d’art et action contemporaine, à Dunkerque met en lumière les nombreuses passerelles qui existent entre les arts plastiques et la musique, à travers les œuvres d’une vingtaine de plasticiens et compositeurs contemporains.
« Musique à voir » : les relations entre les arts plastiques et la musique
L’exposition a été conçue par Jean-Yves Bosseur qui, en tant que musicologue et musicien nomade, compositeur de musique électro-expérimentale, fut le spectateur direct d’une partie importante de l’art du vingtième siècle et des divers courants qui ont traversé la musique contemporaine au cours de ce siècle. Il a notamment étudié aux côtés de Karlhein Stockhausen et collaboré avec John Cage et Merce Cunningham ou encore Pierre-Henry.
L’expérience et les rencontres qu’a effectuées Jean-Yves Bosseur ont forgé sa vision décloisonnée de l’art, qui rejette toute frontière entre les disciplines et qui attribue aux frictions et aux télescopages provoqués par la cohabitation des différentes formes artistiques la possibilité de renouvellement, d’invention et de surprise.
De cette conviction est née l’exposition « Musique à voir », qui explore les relations entre les arts plastiques et la musique à travers cent cinquante œuvres visuelles, sonores et des installations. Le parcours s’organise autour de cinq pôles majeurs qui sont autant d’axes de recherche artistique : les synesthésies, les correspondances structurelles, le rythme et le temps, les signes et notations et les interactions.
De la peinture musicaliste d’Henry Valensi aux dispositifs visuels et sonores de Nam June Paik
Les œuvres des artistes du mouvement musicaliste tels que Charles Blanc-Gatti, Henry Valensi ou encore Félix Marle sont représentatives des synesthésies, c’est à dire de la mise en relation de deux disciplines artistiques à travers l’équivalence sensorielle comme la couleur, l’harmonie ou le timbre. Chez Auguste Herbin et Victor Vasarely sont explorées les correspondances structurelles : la relation entre musique et peinture, sculpture ou d’autres formes plastiques se développe au niveau de leur structure formelle elle-même.
Les tableaux de Gérard Schneider, Olivier Debré et Daniel Humair, représentatifs des débuts de l’abstraction et de l’exploration présence du mouvement dans la peinture, témoignent du rôle majeur que joue le rythme, une notion entre temps et espace, dans toutes les disciplines artistiques. Pour explorer la façon dont le son et sa transmission sont transcrits visuellement, grâce aux signes et aux notations, l’exposition présente des partitions où sont mises en évidence les propriétés graphiques de la notation, notamment celles de Pierre Alechinsky, Jiri Kolar,Paul Panhuyzen ou encore John Cage.
Enfin, le parcours trouve son point culminant dans les productions d’artistes qui fusionnent si profondément les différentes disciplines qu’il devient impossible de classer leurs œuvres dans le registre sonore ou visuel. C’est ainsi le cas des créations d’Yves Klein, de Jean Tinguely, de l’installation Sound Wave Input On Two TV Sets (Vertical And Horizontal) de Nam June Paik ou encore du surprenant dispositif de Céleste Boursier-Mougenot intitulé From Here To Hear : une œuvre organique et vivante qui associe des guitares électriques et de petits oiseaux qui s’en servent comme perchoir et déclenchent par leurs mouvements des accords préenregistrés qui se mêlent à leur propre chant.