Lors d’une résidence aux environs de Marrakech en 2012, Scoli Acosta s’est tout particulièrement intéressé à la musique du Maroc. Ecoutant des enregistrements réalisés sur place en 1959 par le compositeur et écrivain américain Paul Bowles, il remarque l’omniprésence d’un instrument: le bendir. Ce petit tambourin cylindrique de forme simple est composé d’un cadre circulaire et d’une toile tendue.
Partant de ce modèle comme élément de base de son langage artistique, il va le décliner en peintures et sculptures. Ainsi, il utilisera ces cercles de bois et des matériaux fournis par un artisan local comme supports de monochromes, de motifs géométriques colorés mais aussi de boîtes rondes assemblées les unes aux autres et formant des sculptures-totems suspendues dans l’espace.
Son expression témoigne d’une tendance syncrétique. Il fait appel à la culture traditionnelle comme au langage de l’art contemporain, il peut suggérer une pratique bouddhiste en même temps qu’un art visuel marocain, il entremêle les codes de la peinture et ceux de l’instrument de musique.
Adepte du détournement, il s’empare de la réalité et se l’approprie pour la faire entrer dans son imaginaire créatif. Scoli Acosta a expliqué clairement l’enjeu de son travail : «J’essaie d’adhérer à une esthétique de la débrouillardise, c’est-à -dire le recyclage, la remise en état, la réadaptation et la reproduction d’objets du quotidien et d’objets trouvés. Cette approche repose sur la nécessité de réduire, réutiliser et recycler (pour le bien de la planète), tout comme celle d’isoler et sublimer la poésie du quotidien.»
Une part de son travail peut également évoquer le langage minimaliste. Mais l’artiste s’en distingue toujours en insérant un élément qui sème le trouble, comme dans ses Pentagonal Monochrome où des capsules de bouteilles aplaties inclues dans le cadre suggèrent les cymbalettes d’un tambourin. Dans l’ensemble de sept peintures Mostly Mosaic Mandala Paintings, Scoli Acosta associe pratique méditative bouddhiste et culture marocaine. Réalisant des peintures aux motifs abstraits sur de petites toiles toujours tendues sur des cercles de bois, il fusionne ce qui pourrait effectivement ressembler à un mandala tibétain et des motifs de mosaïque traditionnelle marocaine.
Tout le travail de Scoli Acosta fonctionne ainsi, par associations d’idées. Avec un intérêt particulier pour l’artisanat et la volonté de montrer la manière dont les choses sont faites, simplement, à la main. C’est pour lui, une façon de redonner vie aux choses et de faire un art considéré comme un mouvement perpétuel qui viendrait encore et toujours recycler les objets et les idées.