Présentation
Rainer Metzger
Munich 1900
Au tournant du XXe siècle, Munich est à l’apogée de son développement culturel. Capitale de province dans l’ombre de la métropole berlinoise, elle a progressivement acquis une importance que ni sa taille ni sa capacité politique n’auraient permis de justifier.
La contribution particulière de Munich à une histoire culturelle de la modernité réside dans son entêtement et dans son autonomie. Ce qui se passe ici est un peu plus déroutant qu’ailleurs : les provocations sont bruyantes, les dénonciations de blasphèmes, catholiques, et les invocations à l’harmonie des mondes, ésotériques. Sous des noms tels que « Jugendstil », « Simplicissimus » ou « Le Cavalier bleu », des associations ou groupements d’écrivains et d’artistes sont propulsés sous les feux de la rampe internationale.
Kandinsky, venu de Russie, y invente l’abstraction. Paul Klee y développe ses premiers poèmes plastiques consacrés aux miracles organiques. Des « princes artistes » tels que Franz von Lenbach, Franz von Stuck ou Adolf von Hildebrand vivent à Munich. Schwabing, le quartier artistique de la ville, cultive son attractivité. Karl Valentin sonde son terrain. Thomas Mann reste près de quarante ans, Giorgio De Chirico, trois. Marcel Duchamp se sert de son expérience munichoise comme d’un tremplin vers une carrière internationale. Sur près de 400 pages comportant plus de 500 illustrations, le critique d’art Rainer Metzger et l’iconographe Christian Brandstätter esquissent le portrait kaléidoscopique d’une quasi-métropole rayonnante, dans l’histoire culturelle de l’Europe des avants-garde.