Kongo
Mr Colorful
«Etre artiste, c’est se battre contre le temps. Le temps de l’art, c’est 48 heures par jour minimum!» Cette phrase, Kongo la lance comme on lance un vœu. Artiste prolifique, au carrefour des influences artistiques aussi bien que géographiques ou temporelles, sa joie de vivre et de créer déborde du cadre et de son médium d’expression privilégié: le graffiti.
Kongo est un artiste libre. «Je revendique ne jamais me trouver là où on m’attend.» Les grands noms du luxe à la française et la presse internationale aiment Kongo. En 2015, sa cote s’étend. On le retrouve dans l’édition indonésienne du magazine Elle, il signe des collaborations avec Daum ou Hermès, pour lequel il réalise une performance live dans les vitrines du Grand Hyatt, à Jakarta.
Qui est vraiment Kongo? Electron libre jailli dans la rue depuis bientôt 30 ans et propulsé dans la lumière, il a façonné son expression artistique sur les murs et les palissades, du Brésil à Hong-Kong, de New-York à la Guadeloupe. Kongo n’a de cesse de développer sa technique, questionnant un art de l’éphémère voué à l’évanouissement et à la destruction de ses formes, pour aboutir en atelier à ce qu’il nomme «un art du rêve, des étoiles. C’est ça le tag: un langage universel, qui parle à chacun sur la planète.»
«Je vis actuellement une période d’évolution intense dans mon travail et en moi-même, confie Kongo, les voyages, les rencontres, tout cela m’inspire et nourrit mon œuvre de mille manières différentes et convergentes. Les rencontres, c’est vraiment le fil rouge. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré Jany et Danielle Jansem de la Galerie Matignon, de pouvoir y être exposé aujourd’hui. C’est un pas de plus vers la reconnaissance européenne et internationale du street art dans les galeries.» De plus en plus sollicité par les marchands et collectionneurs, Kongo avoue travailler plus que jamais dans son atelier, un lieu qui le ressource et nourrit son imagination. Il reconnaît: «travailler en atelier, pour un artiste issu de la rue, c’est repartir à zéro. La technique et la recherche sont au même niveau d’exigence que dans mes travaux à la bombe, ce sont les outils qui changent. J’ai appris à utiliser le pinceau, l’acrylique, à peindre à l’huile ou à créer à la cire perdue en fonderie. En élargissant mes moyens créatifs, c’est aussi mon monde intérieur qui s’ouvre un peu plus chaque jour. Je suis très heureux et infiniment reconnaissant de pouvoir continuer mon aventure!»
Pour sa 2e exposition solo à la Galerie Matignon, l’artiste a choisi de mettre en avant ses toiles récentes. Un choix tout sauf anodin, qui représente sa façon de voir l’art et la vie. Des œuvres aux couleurs vibrantes, gorgées d’énergie et d’un optimisme contagieux et universel. Comme le souligne Kongo à qui le monde de l’art ouvre désormais grand les bras: «J’ai déjà tagué aux quatre coins du monde, roulé ma bosse des rues de Brazzaville à celles de Rio de Janeiro, de mon enfance à Saigon au monde du luxe international et maintenant à la prestigieuse avenue Matignon, au cœur du Triangle d’Or parisien. Le monde peut être traversé en 20 heures et je continue à courir après le temps.»
Il s’interroge: «Aurais-je assez de temps pour réaliser toutes les œuvres que j’ai à l’esprit? Je suis de plus en plus dans l’Etre et moins dans le faire.» Grandir en tant qu’homme, en tant qu’artiste, et faire grandir son art à côté de soi, voilà le défi à relever. De fait, l’art de Kongo est aussi indissociable de sa philosophie de vie. «En tant qu’artiste, je me sens comme un canal, très connecté à certaines forces créatrices qui passent à travers mes mains lorsque je crée. Je crois aux pouvoirs des pierres, aux pouvoirs de la nature, à la visualisation de la pensée positive. Je crois aussi que l’art peut nous permettre de communiquer avec d’autres mondes… » Il rit. «Je dis souvent que mon grand-père, c’est Claude Monet, mon oncle, Andy Warhol, et mon grand frère, Jean-Michel Basquiat!». Preuve encore que l’art graffiti puise autant aux sources du pop art que des courants impressionnistes… «Vivez vos rêves, vivez l’instant présent! Mon travail ne parle que de ça…». L’art de Kongo se vit au présent à la Galerie Matignon.