L’exposition « Mouvement premier, Corps insensés » à la galerie Maubert réunit des vidéos et des photographies de Laurent Goldring. Des œuvres de plasticien qui se placent au-delà de leur médium respectif pour révéler les faces cachées des corps et des paysages.
Boucles vidéos et images arrêtées ouvrent de nouvelles vues sur le corps
L’exposition rassemble de nouvelles œuvres de Laurent Goldring et d’autres plus anciennes : un travail artistique photographique et vidéo que le plasticien développe depuis plus de vingt ans.
Les boucles, dispositifs à la lisière entre la photographie et la vidéo, sont particulièrement représentatives de la démarche de Laurent Goldring. Chacune d’entre elles projette l’image d’un corps nu qu’un éclairage fait ressortir sur un fond noir. Placé dans une position précise, le corps ne se meut que de façon presque imperceptible, animé d’infimes mouvements non volontaires qui se reproduisent en variant légèrement, tels une respiration, un frisson ou des spasmes.
Ces boucles vidéos transmettent le regard unique que Laurent Goldring porte sur le corps humain. Un regard qui remet en question tous les habituels schémas de perception de ce corps. Le travail du plasticien consiste à brouiller la hiérarchisation et la classification que l’on opère traditionnellement entre les différentes parties du corps. Dans ses Å“uvres, la posture d’un corps fait apparaître la forme d’un sexe masculin dans la vision partielle d’un dos et d’une cuisse. Les postures, Les infra-mouvements que l’on distingue dans les boucles semblent quant à elles imprimer sur la peau des vibrations internes générées par les organes. Ainsi tous les constituants du corps sont placés sur le même plan : les membres, les organes et les éléments externes…
Des corps aux paysages, une même remise en question des évidences
De la même façon que les boucles n’acquièrent leur statut de vidéo que par des animations infimes de l’image, les photographies de Laurent Goldring méritent plutôt la désignation d’images arrêtées. Elles sont des images fixes prélevées des boucles et entretiennent avec elles un rapport étroit. Alors que les boucles, par les indices de vie qu’elles capturent, sont les portraits d’individus précis, les images arrêtées qui en sont extraites se détachent de cette singularité pour rejoindre un traitement du corps qui est celui développé dans la sculpture ou la peinture.
Les films de Laurent Goldring consacrés aux paysages se placent dans la lignée de son exploration des corps à travers l’image fixe et l’image en mouvement. En isolant des motifs filmés de façon récurrente, en revenant sur des mêmes lieux, des œuvres comme Parties de campagne révèle comment le tournage en studio peut permettre de libérer des images refoulées de la nature, comme les mutations des paysages ruraux, de la même façon que le travail studio dégage de nouvelles vues sur le corps.