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Mouvement n°56

"Du possible, sinon j’étouffe". On n’a aucune idée de la façon de dire en grec ce slogan apparu en 2004 au sein de la Coordination des intermittents et précaires, et que nous reprenons au fronton de ce numéro estival de Mouvement.

Information

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Présentation
Jean-Marc Adolphe, David Sanson, Gwénola David, Cathy Blisson, Marc Jacquin, Laurent Le Deunff,…
Mouvement n°56

« Vivement La révolution! »: éditorial de David Sanson et de Jean-Marc Adolphe
Du possible, sinon j’étouffe. On n’a aucune idée de la façon de dire en grec ce slogan apparu en 2004 au sein de la Coordination des intermittents et précaires, et que nous reprenons au fronton de ce numéro estival de Mouvement.

Mais enfin, du côté d’Athènes, ces mots doivent faire sens. On doit aux Grecs anciens l’invention de la démocratie et du théâtre occidental. La Grèce a toujours été à l’avant-garde! On doit aujourd’hui aux Grecs d’expérimenter une crise économique sans précédent dont nul ne sait jusqu’où elle peut s’étendre. La zone euro est désormais sous l’effet dépressionnaire de turbulences incontrôlables.

Les bons docteurs du Fonds Monétaire International sont au chevet de la Grèce, au bord de la faillite. Et préconisent des remèdes d’austérité qui risquent de se révéler pires que mal.

Dans Le Monde, Stéphane Davet livre un reportage édifiant à l’occasion du festival musical Synch. En Grèce, l’activité culturelle, déjà peu encouragée par l’Etat (0,3% de son budget) est carrément sinistrée. « En trois, commente le compositeur de chansons et de musiques de films Panagotis Kalantzopoulos, la vie a changé, comme après un accident. »

Plus grave encore, cette débandade va de pair avec le sentiment d’une jeunesse abandonnée, sacrifiée, sans espoir, victime des erreurs commises ces dernières années par des économistes patentés et des politiques irresponsables.

Depuis la crise américaine des subprrmes, il semblait avéré que la planète financière ne tournait pas tout à fait rond. Quelques rodomontades de façade plus tard, et un renflouement massif des banques fautives, tout a repris son cours comme si de rien n’était…

Jusqu’à la prochaine crise, encore plus dévastatrice? Le dogme libéral n’a pas changé d’un iota: pendant que quelques-uns s’enrichissent effrontément, il faudrait réduire les dépenses publiques. Santé, justice, éducation, culture: rien n’y échappe. En France, la gauche a-t-elle largement emporté les dernières élections régionales? Nicolas Sarkozy et François Fillon en ont conclu que les Français voulaient davantage de réformes… Faut-il s’armer de patience et attendre on ne sait quel renversement de tendance?

Ce numéro-ci de Mouvement manifeste avec une certaine impatience deux ou trois choses. Primo, qu’en ces temps d’obscurcissement des horizons, la création contemporaine que nous aimons et défendons reste cette énergie indisciplinée et effrontee qui s’affranchit des consensus.

Secundo, que l’alternative politique et culturelle se forge ici et maintenant dans un certain nombre d’initiatives dont la conjonction ouvre de multiples pistes de commencements.

Avec Patrick Bouchain, qui prône une dimension participative, politique et sociale, de l’acte architectural. Avec des artistes et des collectifs qui tâchent de penser le monde autant que de le mettre en représentations. Avec Jean-Michel Lucas et Kasimir Bisou, qui dessinent les contours d’une politique culturelle du vivre ensemble.

Veilleurs aux confins des signes avant-coureurs d’une possible réuolution, nous n’enfouissons pas pour autant la mémoire d’engagements anciens qui, indirectement, nous parlent encore.

Ainsi en va-t-il de Rosa Luxemburg, à qui Claire Diterzi et Marcial Di Fonzo Bo consacrent une « épopée musicale ». Dans l’une de ses Lettres de prison, elle écrivait, Rosa la Rouge: « Nous assisfons à l’effondrement du vieux monde qui croule par pons entiers, jour après jour. Ce qui est le plus surprenant, c’est que ta plupart des gens ne s’en aperçoivent pas et croient marcher encore sur un sol ferme.