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Mouvement n° 47

A l’occasion de l’exposition «Traces du sacré» au Centre Pompidou, le 47e numéro de la revue Mouvement aborde ce printemps le thème du sacré dans l’art, avec notamment un texte de Jean-Luc Nancy, et un entretien avec Jean-Hubert Martin.

Information

  • @avril-juin 2008
  • 2—
  • \9 €€
  • E160
  • Zoui
  • 4Français
  • }22,5 L - 28,5 H

Présentation
Rédacteur en chef : David Sanson
Mouvement n° 47

«L’art, un sacerdoce ?», éditorial de David Sanson

«La méthode américaine a été éprouvée en Irak : inventer des communautarismes, jouer sur les divisions religieuses pour exacerber des tensions jusqu’alors contenues — et les exploiter, s’en servir pour faire, en général, des « affaires ». Nicolas Sarkozy profitant de sa tournée des officines confessionnelles pour se faire, hâtivement comme toujours (le curé et l’instituteur, franchement…), le VRP de lui-même et de sa « politique » clientéliste, fait-il autre chose ? Flatter pour mieux crisper, instrumentaliser la mémoire pour mieux « segmenter », et ainsi régner, voilà qui s’appelle jouer avec le feu.

La laïcité reste le ferment de notre république, et celle-ci est sans doute moins menacée par des formes d’intégrismes religieux, qui restent minoritaires, que par cet « individualisme de masse » que stigmatise un Marcel Gauchet. L’art moderne, s’il s’est heureusement libéré de la tutelle divine, n’a pas totalement écarté tout rapport au sacré, ne serait-ce que parce qu’il a nourri l’espoir (et non l’espérance) de survivre à chacune de nos existences singulières. La création contemporaine, enfin, est entrée en citoyenneté pour éclairer à sa façon le « vivre ensemble », parfois jusqu’à moquer la religion de l’art — cette vision dogmatique qui atteint à présent les « réacs de gauche » [voir « Pour en finir avec les réacs de gauche », par Bruno Tackels], et que pointait déjà Pierre Bourdieu en 1992, lorsqu’il déplorait que l’art ait « pris aujourd’hui la place, pour beaucoup de gens, de la religion. Tous les bien-pensants s’autorisent de l’art, de la littérature et de la culture pour prêcher une restauration des valeurs intellectuelle les plus conservatrices, pour ne pas dire archaïques… » L’art doit évidemment éveiller sans Å“illères ni chapelet, sortir de son propre culte pour laisser se dérouler cette expérience individuelle dont la saveur est aussi de pouvoir être goûtée collectivement. Parce que c’est aussi là que passe ce « suave sentiment de partager une destinée collective, et non une destinée propre, séparée de celle des autres », dont parle Boris Groys dans ces pages, il y a tout lieu de s’alarmer d’amputations budgétaires qui affectent en premier lieu l’ambition de la « démocratisation culturelle » [voir « Sarkozy, la littérature ancienne et autres champs de ruines », par Jean-Marc Adolphe].

L’art cultive paradoxalement un sacré « profane » au sens où l’entend Giorgio Agamben, c’est-à-dire humanisant. Si le « sacré » dit en latin ce qui est « séparé », soustrait à l’usage commun, profaner, selon Agamben, « c’est restituer à l’usage commun ce qui a été séparé dans la spHère du sacré ». Désacraliser ce qui nous referme sur notre identité, telle est l’une des premières vocations de l’art. Son travail de sape, en quelque sorte, à l’encontre des représentations dominantes et de l’idolâtrie.»

Voir ici la réponse de Jean-Marc Adolphe, Valérie Da Costa et David Sanson à la polémique suscitée par la couverture de la revue, photographie de l’œuvre Crucifiction 2 de Taroop & Glabel, 2005.

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