L’aventure de Boxe Boxe Brasil commence en 2010. Le chorégraphe Mourad Merzouki crée alors une pièce de danse contemporaine, Boxe Boxe, enroulée et calibrée autour des cordes. Celles du ring pour des danseurs hip-hop et celles des violons pour le Quatuor Debussy. Une rencontre punchy, pour des corps à corps virevoltants entre les influences culturelles. En 2017, Boxe Boxe continue d’ouvrir ses horizons pour donner naissance à un nouveau spectacle : Boxe Boxe Brasil. Une réécriture accomplie avec un collectif supplémentaire, celui de onze danseurs cariocas [de Rio de Janeiro] avec qui Mourad Merzouki travaille depuis plus de dix ans. Å’uvre rassembleuse et syncrétique, Boxe Boxe Brasil reflète l’esprit de travail de Mourad Merzouki, ses manières de créer des rencontres. Le nouveau spectacle a ainsi été écrit par et pour la compagnie Käfig [cage, en arabe et en allemand], le Collectif Käfig Brasil (onze interprètes cariocas), le Quatuor Debussy et le musicien AS’N, notamment.
Boxe Boxe Brasil de Mourad Merzouki : la beauté des cordes, de violons en rings
Ce qui frappe en premier avec Boxe Boxe Brasil, c’est la beauté des chorégraphie, musique et scénographie. Combats au ralenti, le thème pourrait faire craindre l’éloge d’une virilité aride. Mais le cirque, les violons et la chaleur profonde des violoncelles viennent enchanter les rencontres. Sur le fil de la mélancolie tout en étant animé d’une énergie aérienne, Boxe Boxe Brasil emporte ses spectateurs. Si un match de boxe se joue à un contre un, comme une partie d’échecs sur un damier, ici le collectif porte la pièce. Et les gants de boxe, comme les punching balls, prennent des allures de floraisons végétales. Les ralentis et les accélérés dévoilent la beauté de gestuelles connaissant peu de répit. Éloge du temps, le balancement des punching balls, porté par le staccato des violons, évoque tantôt des métronomes, tantôt des culbutos cirquesques.
Ballet, contemporain, cirque, tango, hip-hop, boxe : la poésie des entrelacs
Lorsque les cordes du Quatuor Debussy se teintent de legato, les danseurs dévoilent alors cet élan qui aspire les sportifs vers le dépassement. Sur scène, des accents de tango aux résonances sérielles (évoquant Steve Reich), le Quatuor Debussy crée une texture musicale unique. Texture au sens de trame et d’environnement signifiant. Comme un texte spatialisé. Et les danseurs de Boxe Boxe Brasil, dans ces filets mouvants, jouent à rebondir, s’enrouler, se faufiler dans les trouées. Danse classique, contemporaine, hip-hop, samba, tango, cirque, boxe… Il ne s’agit pas tant de faire défiler un catalogue de la diversité des cultures humaines que d’embrasser la poésie, d’où qu’elle vienne. Comme une langue mixte, à l’instar du Käfig arabe et allemand, la danse de Mourad Merzouki dévoile les passerelles. Et Boxe Boxe Brasil se nourrit de l’énergie des créolisations, des emmêlées culturelles, incessantes et fécondes.