ART | CRITIQUE

Mort ou vivant ?

PMagali Lesauvage
@07 Juil 2008

Pour la dernière exposition de la saison, la galerie In Situ invite les frères Grégory et Cyril Chapuisat à investir ses espaces, en compagnie du collectif 1.0.3 (Anne Couzon Cesca, François et Arnaud Bernus ). Leurs œuvres partagent une réflexion sur les passages intermédiaires, vers la mort, le néant ou l’infini.

Les frères Chapuisat, duo d’artistes suisses, «vivent et travaillent in situ». Ayant débuté leur carrière artistique séparément, Grégory ayant fait ses études à l’Art Center College of Design de Los Angeles, Cyril à l’université de Kingston, en Angleterre, ils ne travaillent ensemble que depuis 2001. Leurs installations monumentales sont des pièces à vivre, des œuvres d’art expérimentables dans lesquelles la notion de repli, de refuge, de nid, est essentielle. Leurs œuvres tendent à envahir l’espace, conviant le spectateur à pénétrer dans un univers singulier et vierge.

Constitué depuis 2002, le collectif 1.0.3 rassemble trois jeunes artistes diplômés de l’Ecole régionale des beaux-arts de Valence et de l’Ecole supérieure des beaux-arts de Genève. Anne Couzon, Arnaud et François Bernus ont pour point focal de réflexion l’objet ordinateur, en tant qu’instrument de «conservation, conversion et conversation».

Leur principale réalisation est le projet MISMA (Module d’Intervention de Sauvegarde de Méthodologies Artistiques), qui leur a permis, à partir de 2003, de donner une représentation du contenu de 43 ordinateurs, 43 «empreintes informatiques» figurées sous la forme de cartographies des fichiers sauvegardés. Ces «images de disques dur» sont ensuite projetées en arborescences, générant d’étranges nébuleuses de mots.

Le collectif 1.0.3 matérialise ainsi l’immatériel, le virtuel, tandis que les frères Chapuisat rendent tangibles des espaces imaginaires. Dans l’espace principal, majestueux, de la galerie In Situ, une structure en bois soutient une habitation légère en béton.

Trembling Hand Perfect Equilibrum (2008) des frères Chapuisat est une sorte de refuge en lévitation dans la galerie. Sur ses côtés, deux auvents constitués de livres blancs reliés par des câbles laissent méditer le spectateur, amené à prendre de la hauteur, à réévaluer son rapport à l’espace : Lunare Spectare, du collectif 1.0.3, est une réflexion sur le savoir, la transmission, le cheminement de la pensée.

A l’étage, on retrouve dans une cellule aux fenêtres aveugles diverses œuvres des frères Chapuisat qui renouvellent la question de la sculpture et de son support : Cellule dormante (2008) et Les Frères-Maisons (2008) sont des structures bancales, hasardeuses, l’une constituée de peaux de bêtes, l’autre figurant une maison déformée. Ils expérimentent ainsi des «recherches d’équilibre», comme dans ce nuage de plâtre sur pieds de bois (Sans titre, 2008). A la recherche d’un passage vers une autre dimension.

Collectif 1.0.3
— Trifrons, 2008. Poignée de porte en résine.
— Cosa Machina, 2008. C-print sous diasec. 70 x 70 cm
— Planiscospe version Grégory Chapuisat génération 1, date de catalogage 29/01/08. Lambda sous diasec. 100 x 150 cm
— Lunare Spectare, 2008. Livres blancs, câbles, fil nylon. Dimension variable.
— Planiscospe version Scanner génération 1. Lambda sous diasec. 100 x 150 cm
— Planiscospe version 1.0.3 #7 génération 3. Lambda sous diasec. 100 x 150 cm
— Planiscospe version Pierre Joseph génération 1. Animation Flash, vidéoprojection. 103 minutes

Les frères Chapuisat
— Tremblig Hand Perfect Equilibrum, 2008. Bois, béton, peinture. Dimension variable.
— Cellulle Dormante – version 3, 2008. Peaux de bêtes, trétaux. 130 x 170 cm
— Les Frères-Maisons, 2008. Bois, peinture. h 115 x L 250 x l 36 cm
— Sans titre, Recherche sur l’équilibre 1, 2008. Béton, bois. Pied : h : 165 cm – Nuage : 66 cm x 31 cm
— Le Moi-Peau, 2008. Tronc, peinture, agrafes, clous, tabouret. 140 x 30 cm

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