Communiqué de presse
Joachim Koester
Morning of the Magicians
«Il n’y a dans le visible que des ruines de l’esprit», Merleau Ponty.
Qu’il prenne la forme d’un film documentaire en 16 mm, d’une série de photos d’archives ou d’un livre, le travail de Joachim Koester transforme les histoires en images et réciproquement. L’artiste s’attache à la documentation d’événements infimes, disparus de la grande histoire pour les faire réapparaître dans la mémoire collective, procédant souvent par retranchements en une quête de l’invisible et de l’effacement.
Depuis plusieurs années, l’artiste a fait de l’exploration physique et cérébrale, l’un des pivots de sa recherche. Selon lui, si au 19 ème siècle l’exploration fut de nature majoritairement géographique, le 20 ème siècle, avec la découverte de la psychanalyse, est entre autres celui d’une exploration mentale de notre inconscient. Ainsi, à la suite de l’installation Message from Andrée, présentée au Palais de Tokyo dans l’exposition «Cinq milliards d’années», l’artiste réactive son univers poétique et sensible dans une atmosphère de magie noire avec «Morning of The Magicians», une exposition construite autour de plusieurs récits de sciences occultes à partir de trois œuvres récentes.
«Morning of The Magicians» s’ouvre sur une série de photographies accompagnée d’un film en 16 mm, abstrait et en noir et blanc, en relation avec la célèbre Abbaye de Thélème. Cette Abbaye, située à Céfalu en Sicile, fut habitée dans les années 20 par Aleister Crowley, un riche anglais qui créa une secte religieuse adepte de magie noire, de drogues diverses ainsi que de certains rites obscurs et souvent dangereux.
L’artiste présente également The Magic miror of John Dee, la photographie d’un miroir magique, conservé au British Museum et ayant appartenu à John Dee, scientifique et astrologue du 16ème siècle. Cette photographie, un monochrome noir, révèle en creux une autre histoire du minimalisme.
Enfin, la double projection One+One+One réinvestit l’Abbaye de Thélème aujourd’hui en ruines. Mélange d’images documentaires et d’images abstraites tirées de la végétation encerclant la maison, le film tente de renouer avec l’atmosphère surnaturelle des lieux en incluant les restes de fresques de la «Chambre des cauchemars». Le titre One+One+One est inspiré du film de Godard sur les Rolling Stones, Sympathy for the Devil (One+One) en forme de clin d’oeil à l’influence de Aleister Crowley sur certains groupes rock des années 60. Les Beatles utilisèrent d’ailleurs son image pour la couverture de leur album Sergent Pepper. Dernier monument d’une histoire invisible, l’Abbaye de Thélème, avec son lot de récits et de mémoire enfouie, fonctionne pour Koester comme un «paysage mental» qu’il accompagne d’un texte à la fois descriptif et littéraire.