DANSE | SPECTACLE

More more more…future

09 Fév - 09 Fév 2017

Le Manège de Reims présente More more more...future de Faustin Linyukela, un spectacle hanté par l’histoire tragique du Congo qui laisse entendre le refus d’une société vouée à la destruction par une nouvelle génération de Congolais. La danse de Faustin Linyekula, associée au Ndombolo, exprime cette volonté de ne pas céder à la fatalité.

Dans ses deux précédents spectacles, Le Cargo et Drums and Digging, Faustin Linyukela évoquait son retour à Obilo, son village natal dans lequel il vécut jusqu’à l’âge de huit ans, et la recherche de son maître de percussions devenu pasteur. More more more…future semble ouvrir une voie différente. L’autobiographie s’efface devant le récit de l’histoire tragique et chaotique de son pays, la République démocratique du Congo, dont sa pratique chorégraphique est désormais indissociable.

More more more…future

More more more…future laisse entendre les voix de Congolais qui refusent la fatalité d’une société en apparence vouée à la destruction. Et Faustin Linyukela de se demander : « Que peut-on faire dans un pays comme le Congo si on veut raconter des histoires du Congo, alors que ce sont toujours les mêmes choses qui se répètent ? Il faut se battre pour garder cette envie, cette soif d’essayer quand même, d’inventer des possibilités de rêver… Le titre évoque le « No Future » de la proposition Punk. Mais dans un pays où l’avenir est inexistant, inenvisageable, on ne va pas détruire cette promesse. Donc more more more… future : encore plus de futur. Dans ce contexte où tout le monde est en train de détruire quelque chose, la seule manière d’être subversif, c’est peut-être de construire. »

More more more…future : une promesse d’avenir

Quelle promesse d’avenir ? Accompagné de deux danseurs et trois musiciens, Faustin Linyekula met en scène un concert de Ndombolo, sorte d’avatar de la rumba congolaise aux rythmes effrénés, qui reflète à la fois l’effervescence de la capitale Kinshasa, et de la société congolaise dans son ensemble. More more more…future est indéniablement marqué par une exubérance musicale, qui est aussi celle des costumes portés par les danseurs rappelant les tenues de cérémonie traditionnelles, et de leur gestuelle en apparence désordonnée confinant à la transe. D’ailleurs, Faustin Linyekula ne confie-t-il pas : « L’exubérance, c’est une manière de résister (…) C’est important de garder ce feu-là, cette énergie de la survie, qui passe aussi par l’exubérance, le son des fanfares comme un feu d’artifice. »

Mais More more more…future ne saurait se réduire à cette seule exubérance car, à la manière d’une tragédie grecque, la chorégraphie est orientée par le texte du poète et ami d’enfance de Faustin Linyekula, Antoine Vumilia Muhindo, que disent deux récitants. Paroles, gestes, et musique se répondent, et finissent par s’unir en une scène finale où la troupe rassemblée formant un cercle, danse, chante et regarde un ciel projeté en vidéo, suggérant un moment de réconciliation né de la détermination de chacun de vouloir « beaucoup plus d’avenir et sortir des ruines qui nous ont été laissées en héritage. »

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