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More mixed blessing

PPhilippe Coubetergues
@12 Jan 2008

Des œuvres qui interrogent les mécanismes de la séduction publicitaire. Un parcours étrange et poétique dans le monde de l’image consumériste.

La galerie municipale de Noisy-le-Sec nous propose de découvrir le travail d’un artiste singulier : Guillaume Paris. Cette exposition (« More Mixed Blessing ») fait écho à une autre exposition de l’artiste organisée en 2002 au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, elle-même intitulée « Mixed Blessing », ce qui signifie littéralement « bénédictions mitigées ». L’exposition de Noisy reprend globalement les pièces exposées à Strasbourg auxquelles sont ajoutées deux pièces produites par la Galerie de Noisy-le-Sec (Go Away Evil et Wolf ! ).

L’ensemble fonctionne comme un dispositif global au sein duquel les œuvres se répondent. Numenous est un bouclier d’ampoules électriques animées par un système d’allumage intermittent et aléatoire qui accueille le visiteur à la façon d’une enseigne lumineuse, d’un avertissement sur la nature hypnotique de ce qui est à voir dans le reste de l’exposition.
The Gift présente sous vitrine une main coupée en cire contenant des cacahuètes également factices. Les trois versions différentes de Madonna and Child sont des caissons lumineux accueillant des photographies couleur d’emballages de produits de consommation courante sur lesquels se trouve à chaque fois utilisée l’image de la mère et l’enfant.
Cuddly est une vidéo assez surprenante appartenant au projet intitulé H.U.M.A.N.W.O.R.L.D. , qui montre en plan fixe un emballage de mouchoirs en papier surmonté d’une image animée d’un enfant qui parle et qui raconte en anglais l’histoire d’Harry Potter.
Plus loin Wolf ! est une sculpture de loup blanc hurlant emballé dans du papier cadeau étoilé et posé sur un socle rotatif.

Il semble que Guillaume Paris s’intéresse de très près aux mécanismes de séduction qui sous-tendent les démarches publicitaires. Le fétichisme, la pensée magique, les connotations religieuses et raciales, les phantasmes de pureté et d’hygiène, sont autant de ressorts sur lesquels se fondent ce monde enchanté de la marchandise, revers exact, selon l’artiste, du désenchantement du monde (La Voix du regard, n° 14, automne 2001).
Guillaume Paris cherche moins à dénoncer ces pratiques désormais bien connues — y compris par ceux qu’elles visent — que de les ré-interroger de façon dérivée afin de les replacer dans la perspective d’un héritage complexe et obscur.
Ces œuvres s’imposent comme l’expression d’une archéologie de la conscience collective. Derrière ces images anodines qui recouvrent les paquets de lessive se dissimulent les réminiscences de schémas ancestraux, d’archaïsmes fondateurs.

Guillaume Paris appartient à cette génération d’artistes dont la démarche dépasse la critique du réel non pas par évitement mais par intégration et détournement. La stricte sélection d’objets dérivés à laquelle il nous convie, invite dans son économie calculée d’indices, à un parcours étrange et poétique dans le monde de l’image consumériste.

— Numemous, 2002. Dôme en polyester stratifié, ampoules électriques (500), animateur électronique. Ø 195 cm, prof. 25 cm.
— Madonna and child I, (un projet H.U.M.A.N.W.O.R.L.D.) , 2002. Duratrans, caisson lumineux. 97 x 75 x 20 cm.
— Madonna and child II, (un projet H.U.M.A.N.W.O.R.L.D.) , 2002. Duratrans, caisson lumineux. 97 x 75 x 20 cm.
— Madonna and child III, (un projet H.U.M.A.N.W.O.R.L.D.) , 2002. Duratrans, caisson lumineux. 97 x 75 x 20 cm.
— The Gift, 1999. Main et éléments en cire. Main : 25 x 14 x 10 cm.
— Cuddly, (extrait de We are the World, un projet H.U.M.A.N.W.O.R.L.D. ), 1998-2000. Vidéo, moniteur, socle (avec Nelly). 120 x 55 x 55 cm.
— Go Away Evil, 2003. Photo couleur, cadre. 210 x 80 x 4,50 cm.
— Wolf ! , 2003. Mousse en polyuréthane, fourrure de chèvre, emballage (matériaux de synthèse, ploypropylène sérigraphié, bolduc), socle (bois stratifié, peinture, moteur, métal, résine). Ø 160, h. 157 cm.

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